Des milliers de Français qui ont connu la pauvreté avant l’âge légal de départ continuent d’en subir les effets après 62 ans. Une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), publiée fin février, met en lumière l’ampleur des écarts entre les pensions des anciens bénéficiaires de minima sociaux et celles des autres retraités. Derrière les chiffres, une réalité souvent passée sous silence : la précarité vécue pendant la vie active se prolonge largement au moment de la retraite.
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Des retraites divisées par deux selon le parcours
Les disparités sont flagrantes. Selon la Drees, les personnes ayant perçu un minimum social durant leur carrière perçoivent en moyenne 863 euros bruts par mois, contre 1 682 euros pour les autres retraités. Une différence qui illustre l’impact durable d’une carrière marquée par des emplois instables, des interruptions d’activité et des salaires modestes.
| Catégorie de retraité | Pension moyenne brute mensuelle | Écart avec la moyenne générale |
|---|---|---|
| Bénéficiaires d’un minimum social (RSA, AAH, ASS, etc.) | 863 € | -819 € |
| Anciens titulaires du RSA ou de l’AAH | 600 € | -1 082 € |
| Anciens bénéficiaires de l’ASS | 1 100 € | -582 € |
| Autres retraités | 1 682 € | — |
Ces montants traduisent un phénomène structurel : la majorité de ces retraités n’a pas validé suffisamment de trimestres pour accéder à une pension complète.
Les années passées sous RSA ou AAH ne sont généralement pas comptabilisées pour la retraite, sauf cas particuliers comme l’Allocation de solidarité spécifique (ASS).
À l’inverse, un certain nombre de retraités touchent plus que la moyenne nationale, confirmant l’ampleur des écarts entre parcours précaires et carrières continues.
Des trajectoires marquées par l’assistance sociale
Durant leur vie active, nombre de ces bénéficiaires ont alterné entre emplois précaires et périodes d’inactivité. Ces interruptions répétées ont limité l’accumulation de droits à la retraite. Résultat : à l’heure du départ, le revenu mensuel reste très en deçà du seuil de pauvreté.
Une proportion importante d’entre eux continue d’ailleurs à dépendre de dispositifs sociaux après 65 ans. Près d’un ancien allocataire sur deux du RSA ou de l’AAH bénéficie encore d’un minimum social à la retraite. À titre de comparaison, seuls 1,3 % des autres retraités se trouvent dans cette situation.
L’Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) comme filet de sécurité
Pour compenser ces faibles pensions, l’État verse l’Aspa, anciennement « minimum vieillesse ». Son montant dépend de la composition du foyer et des revenus du bénéficiaire. Fin 2020, cette allocation représentait en moyenne 460 euros mensuels, avec un plafond fixé à 1 016 euros pour une personne seule sans autre ressource.
Ce soutien est accessible dès 65 ans (ou 67 ans dans certains cas), sous conditions strictes : résidence stable en France, ressources inférieures au seuil fixé, et absence d’autres pensions significatives.
Des inégalités qui s’enracinent dans la durée
L’étude de la Drees révèle qu’environ huit anciens bénéficiaires sur dix n’ont pas réuni le nombre de trimestres nécessaires pour prétendre à une retraite minimale complète, contre un tiers chez les autres. Cette différence tient en partie à la nature des périodes couvertes par les minima sociaux : ces temps d’inactivité ne valident pas automatiquement de droits.
Les conséquences se prolongent sur plusieurs décennies :
- Les pensions restent souvent inférieures au montant du SMIC net mensuel
- Une part significative de ces retraités vit sous le seuil de pauvreté monétaire
- Le recours à l’aide alimentaire ou au logement social demeure fréquent après 65 ans
Je m’intéresse aux questions économiques, à la vie des entreprises et aux enjeux liés à la retraite. À travers mes articles, je décrypte l’actualité du monde du travail et du patrimoine, avec l’objectif d’apporter des informations claires, pratiques et utiles à celles et ceux qui souhaitent mieux comprendre les évolutions du système économique et leurs impacts sur leur quotidien.