Alors que s’achèvent les concertations entre syndicats et patronat sur l’avenir du système de retraite, une mesure spécifique retient l’attention : l’abaissement de 67 à 66 ans de l’âge à partir duquel la décote cesse de s’appliquer. Si elle ne remet pas en cause l’âge légal de départ, fixé à 64 ans à l’horizon 2032, elle pourrait alléger significativement la pénalisation subie par les assurés n’ayant pas validé tous leurs trimestres. Portée par la CFTC, cette proposition vise principalement les retraités aux carrières incomplètes, souvent les femmes ou les salariés modestes. Focus sur la suppression du malus retraite à 66 ans.
Ce que vous allez découvrir :
Un départ anticipé avec moins de pénalités pour les carrières incomplètes
Si l’âge légal de départ demeure inchangé, l’enjeu actuel porte sur l’âge à partir duquel un assuré peut liquider sa retraite à taux plein, même sans réunir tous les trimestres exigés. Aujourd’hui fixé à 67 ans, cet âge pourrait être abaissé à 66 ans.
La décote, pénalité appliquée pour chaque trimestre manquant, s’élève à 1,25 % par trimestre. Elle ne s’applique plus à partir de l’âge d’annulation du malus.
Ce changement favoriserait notamment les femmes aux carrières fragmentées, souvent confrontées à des interruptions pour maternité ou à du temps partiel subi, mais aussi les salariés à bas revenus qui n’ont pu cotiser de manière continue.
Voici les trimestres requis pour une retraite à taux plein :
Génération | Nombre de trimestres requis |
---|---|
1962 | 169 |
1963 | 170 |
1964 | 171 |
1965 et suivantes | 172 |
Prenons l’exemple d’un salarié né en 1963 disposant de 165 trimestres au lieu des 170 requis.
Sa pension serait affectée d’une décote de 3,125 % sur le taux de liquidation, entraînant une minoration totale de 6,25 %.
Avec la réforme envisagée, cette pénalisation ne s’appliquerait plus s’il attendait ses 66 ans.
Sachez que pour limiter les écarts des montants des pensions pour les mères de famille, des discussions au gouvernement sont actuellement en court.
Une revendication initialement axée sur 65 ans
La CFTC militait au départ pour une suppression de la décote dès 65 ans. Faute de compromis budgétaire, la confédération a accepté de revoir sa proposition à la hausse.
« Nous avons reculé d’un an pour limiter le coût global de la mesure », résume Pascale Coton, vice-présidente de l’organisation.
Voici les hypothèses de compensation envisagées par les syndicats :
- Révision du cumul emploi-retraite, jugé trop permissif
- Sous-indexation des pensions sur l’inflation
- Encadrement des dispositifs liés aux carrières longues
Une mesure budgétairement lourde, mais ciblée
Selon les projections du conclave sur les retraites, le coût de cette mesure s’élèverait à 1,2 milliard d’euros en 2030, pour atteindre 5,5 milliards à l’horizon 2045.
Le président du Medef, Patrick Martin, a déclaré que cette évolution ne pourrait être envisagée qu’à condition de « proposer des économies à due concurrence ».
Les discussions tournent donc autour d’un équilibre délicat entre équité sociale et soutenabilité financière.
Quels profils pourraient en tirer un bénéfice concret ?
Cette modification toucherait essentiellement les assurés ayant connu des parcours professionnels hachés, parmi lesquels :
- Les femmes, exposées à des interruptions de carrière ou à du temps partiel
- Les travailleurs modestes, pour qui la validation de 172 trimestres reste hors de portée
- Les indépendants ou personnes ayant débuté leur carrière tardivement
Pour ces catégories, pouvoir partir à 66 ans sans décote représenterait un levier réel pour éviter une perte significative de pension.