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Agirc-Arrco : 13 millions de retraités privés de la revalorisation malgré l’inflation !

Les 13 millions de retraités du secteur privé affiliés à l’Agirc-Arrco ne verront aucune revalorisation de leur pension complémentaire au 1er novembre 2025. La décision, issue d’un blocage lors du conseil d’administration du 17 octobre, a créé un véritable choc dans le monde syndical. Face à une inflation estimée à 1 %, les partenaires sociaux n’ont pas réussi à s’accorder sur le taux d’augmentation de la valeur du point. Résultat : une année blanche pour les retraités, et un climat social qui s’envenime alors que s’ouvrent de nouvelles discussions sur le financement de la Sécurité sociale. Décryptage.

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Un conseil d’administration sous tension

Réunis à Paris, les représentants des organisations syndicales et patronales de l’Agirc-Arrco devaient fixer, comme chaque automne, le niveau de revalorisation des pensions complémentaires. Mais les discussions se sont soldées par un blocage total : aucune majorité n’a émergé entre les deux camps.

Les syndicats de salariés – CFE-CGC, CFDT, CGT, FO et CFTC – ont proposé une hausse de 1 %, en cohérence avec l’inflation constatée. Le patronat (Medef, CPME, U2P), lui, a défendu une augmentation symbolique de 0,2 %. Un écart jugé « incompréhensible » par plusieurs représentants syndicaux. Une dernière tentative de compromis à 0,8 % n’a pas suffi à lever l’impasse.

Le régime se retrouve donc dans une situation inédite : aucune revalorisation ni de la valeur du point, ni de la valeur d’achat pour 2026.

Des réserves solides, un désaccord politique

Le gel des pensions surprend d’autant plus que les comptes de l’Agirc-Arrco affichent une santé remarquable. Les réserves atteignent près de 11 mois de prestations, bien au-delà du seuil prudentiel de 6 mois fixé par l’Accord national interprofessionnel (ANI) de 2023.

Ce texte, signé l’an dernier, définit précisément les règles de gestion paritaire du régime : garantir le maintien du pouvoir d’achat des retraités tout en préservant les équilibres financiers. Selon les projections, les réserves continueront de progresser sur les quinze prochaines années, même en intégrant une revalorisation alignée sur l’inflation.

Données clés du régime Agirc-Arrco (2025)Valeur estimée
Nombre de retraités concernés13 millions
Inflation annuelle estimée1 %
Proposition syndicale de hausse1 %
Proposition patronale de hausse0,2 %
Niveau des réserves11 mois de prestations
Objectif fixé par l’ANI 20236 mois de prestations

Pour la CFE-CGC, la non-application de ces règles constitue une « rupture du paritarisme ». L’organisation estime que les représentants patronaux ont « quitté le terrain de la gestion » pour adopter une posture politique, refusant toute redistribution des excédents.

Le paritarisme mis à l’épreuve

L’Agirc-Arrco repose sur une gouvernance partagée entre employeurs et salariés. Cette cogestion, qui fait la particularité du régime, suppose des décisions concertées et équilibrées. Or, le blocage actuel met à nu les limites de ce modèle dans un contexte économique tendu.

Les syndicats dénoncent une intransigeance patronale déconnectée de la réalité sociale. Pour eux, le refus de revaloriser les pensions revient à détourner le régime de sa mission première : redistribuer les cotisations sous forme de prestations, et non accumuler des excédents.

L’accumulation des réserves interroge aussi sur la philosophie même du système. « Le fruit des cotisations doit bénéficier aux retraités, non dormir dans les comptes », résume une représentante syndicale.

Des répercussions politiques et sociales

Ce gel intervient à un moment sensible : le gouvernement prépare son projet de loi de financement de la Sécurité sociale, qui prévoit déjà une sous-indexation des pensions de base, limitée à 0,6 %.

Les conséquences d’un gel des pensions en 2026 se feront sentir dès l’an prochain pour des millions de retraités du privé, avec une érosion progressive de leur pouvoir d’achat

L’attitude patronale à l’Agirc-Arrco apparaît donc, pour les syndicats, comme un prolongement de cette logique d’austérité.

Les négociations qui s’ouvrent sur les minima hiérarchiques dans plusieurs branches professionnelles risquent d’être marquées par cette tension. L’épisode du 17 octobre agit comme un signal : les discussions sociales de l’automne s’annoncent difficiles, d’autant que la prochaine conférence sur les retraites doit aborder des sujets explosifs tels que la répartition des excédents et la gouvernance du régime.

Quelles issues possibles ?

La CFE-CGC envisage d’utiliser les voies juridiques et paritaires pour contester le blocage. L’organisation souhaite obtenir une revalorisation rétroactive de la valeur du point au 1er novembre 2025, estimant que la non-application de l’ANI 2023 enfreint les principes de gestion fixés par les partenaires sociaux eux-mêmes.

Les options sur la table pourraient inclure :

  • Une médiation au sein du conseil d’administration pour rouvrir les discussions
  • Une décision de rattrapage lors du prochain exercice budgétaire
  • Une pression politique accrue sur les organisations patronales pour restaurer la cohérence du paritarisme

Dans les rangs syndicaux, le ton est déjà donné : Agirc-Arrco ne peut pas se permettre de tourner le dos à ses assurés, surtout après une année de bons résultats financiers. Le gel des pensions, décidé dans un contexte où « tout va bien », est perçu comme un symbole de déséquilibre dans la gouvernance du régime.

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