En 2020, les retraités nés en 1953 touchaient en moyenne une pension directe brute supérieure de 24 % à celle perçue par leurs aînés nés en 1930, selon la dernière édition de l’ouvrage annuel de la Drees sur les retraités, publiée le 31 juillet. Cet écart ne se limite pas à une simple progression arithmétique : il reflète des mutations économiques, sociales et réglementaires majeures survenues en France entre l’après-guerre et la fin des Trente Glorieuses. Découvrez pourquoi les retraités de 1953 gagnent 24% de plus que ceux de 1930.
Ce que vous allez découvrir :
Une progression continue des pensions sur plusieurs décennies
Toutes générations confondues, les pensions brutes de droit direct (y compris les éventuelles majorations pour familles nombreuses) ont enregistré une hausse moyenne de 24 % entre les personnes nées en 1930 et celles nées en 1953.
Corrigée de l’inflation, cette revalorisation traduit une transformation structurelle du paysage professionnel français.
Génération | Pension moyenne brute mensuelle (2020) | Évolution par rapport à 1930 |
---|---|---|
1930 | 1 265 € | — |
1940 | 1 422 € | +12,4 % |
1947 | 1 601 € | +26,5 % |
1953 | 1 570 € | +24,1 % |
Ce mouvement haussier s’explique en partie par une amélioration des niveaux de qualification et une rémunération plus élevée dans les générations postérieures à 1930. À cela s’ajoute une part plus faible de non-salariés, dont les pensions étaient historiquement moindres, au profit d’une salarisation croissante du marché du travail.
Les évolutions des régimes complémentaires, notamment Agirc-Arrco, ont aussi joué un rôle déterminant : leur montée en puissance dans les années 1970 a progressivement consolidé les droits à retraite des salariés du privé.
Un repli perceptible à partir des années 1947
La tendance haussière n’a cependant pas été linéaire. Après le pic enregistré pour les retraités nés en 1947 (1 601 euros en moyenne), une légère inflexion s’observe pour la génération 1953, dont la pension moyenne s’établit à 1 570 euros.
Plusieurs facteurs d’ordre réglementaire et conjoncturel expliquent ce tassement :
- L’indexation des pensions sur les prix à partir de 1987 dans le secteur privé, rompant avec une revalorisation liée aux salaires.
- L’écrêtement du minimum contributif amorcé en 2012, réduisant son efficacité redistributive.
- L’allongement de la durée d’assurance requise pour une carrière complète, mis en œuvre par les lois Fillon de 2003 puis Touraine de 2014.
À ces réformes s’ajoutent des ajustements techniques dans les régimes complémentaires. Les accords interprofessionnels de l’Agirc-Arrco ont abaissé le rendement des points, érodant la valeur relative des cotisations passées.
Dans la fonction publique, le gel du point d’indice a, de son côté, freiné la progression des pensions liquidées sur la base des six derniers mois de traitement.
Une sélection statistique biaisée par l’espérance de vie
Pour analyser avec rigueur l’évolution des pensions entre générations, la Drees mobilise la notion de mortalité différentielle.
Celle-ci renvoie au fait que l’espérance de vie varie selon le niveau de vie, le statut professionnel ou encore le sexe. Les retraités les plus aisés vivent généralement plus longtemps, tandis que les profils plus modestes, souvent associés à des pensions inférieures, disparaissent plus tôt.
Résultat : les retraités nés en 1930 encore vivants au 31 décembre 2020 ne sont pas représentatifs de l’ensemble de leur génération. La moyenne de leurs pensions est biaisée vers le haut, car elle exclut en grande partie ceux qui percevaient les montants les plus faibles et qui sont décédés plus tôt.
Sans tenir compte de cette sélection naturelle, les comparaisons intergénérationnelles de niveaux de pension sont déformées. 1 retraité sur 10 ne touche pas le bon montant de sa pension, ce qui ajoute un facteur d’incertitude supplémentaire aux écarts constatés et souligne les limites des données disponibles pour mesurer fidèlement les différences entre générations.
Source : https://www.moneyvox.fr/retraite/actualites/104515/pourquoi-la-generation-1953-touche-une-retraite-24-plus-elevee-que-celle-nee-en-1930
Je m’intéresse aux questions économiques, à la vie des entreprises et aux enjeux liés à la retraite. À travers mes articles, je décrypte l’actualité du monde du travail et du patrimoine, avec l’objectif d’apporter des informations claires, pratiques et utiles à celles et ceux qui souhaitent mieux comprendre les évolutions du système économique et leurs impacts sur leur quotidien.