Vivre seul après 65 ans est devenu une réalité pour un tiers des retraités en France. Avec la hausse des prix, l’allongement de l’espérance de vie et des pensions parfois modestes, la question du revenu suffisant pour maintenir une existence digne se pose avec une intensité nouvelle. Les données de l’Insee, les mesures gouvernementales et les analyses de l’IRES permettent d’esquisser le seuil qui garantit une retraite équilibrée pour une personne isolée. Voici le montant idéal pour vivre confortablement sa retraite en solo.
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Des retraités plus nombreux à vivre seuls
Selon l’Insee, en 2021, près de 33 % des personnes de 65 ans ou plus vivaient seules. Cette proportion grimpe avec l’âge : 45 % des plus de 85 ans occupent désormais leur logement sans conjoint ni proche, contre 39 % en 1990. L’explication tient à l’amélioration de l’espérance de vie sans incapacité, qui favorise le maintien à domicile.
La part des personnes âgées résidant en établissement recule ainsi avant 85 ans : elles étaient 15,7 % en 1990, contre 10,4 % en 2021. Le souhait de rester chez soi s’impose, mais il exige des ressources adaptées.
Une autonomie coûteuse pour les retraités isolés
La Mutualité Française a mené plus de 3 000 actions de prévention en 2024, et, avec la Croix-Rouge, elle a expérimenté le dispositif DRAD, pensé pour offrir à domicile les services d’un EHPAD. Ces initiatives traduisent une volonté politique et associative de prolonger l’autonomie. Mais cette aspiration se heurte à une contrainte : le budget.
En 2021, la pension moyenne atteignait 1 531 euros par mois selon le ministère des Affaires sociales. Derrière cette moyenne se cache une grande hétérogénéité :
- Près de 917 euros pour ceux qualifiés de « petites retraites »
- Un seuil de pauvreté fixé à 1 102 euros par mois
- L’apport indispensable des aides sociales (minimum vieillesse, allocations logement, exonérations)
Les femmes sont les plus exposées à ces fragilités, en raison de carrières incomplètes, d’interruptions pour charges familiales et de parcours marqués par la précarité ou le temps partiel. Pour elles, vivre seule signifie composer avec des revenus encore plus restreints, reflet des inégalités à la retraite où les mères sont souvent désavantagées.
L’inflation accentue la pression
Énergie, alimentation, soins médicaux et logement absorbent une part croissante des pensions. Chaque variation de prix contraint certains retraités à des arbitrages douloureux.
Le gouvernement a annoncé une revalorisation des pensions à partir de janvier 2025. Les pensions suivront la moitié de l’inflation, avec une correction semestrielle pour les plus modestes.
Une mesure bienvenue, mais qui ne résout pas la question : quel revenu garantit réellement une vie paisible en solitaire ?
Un revenu de référence pour vivre décemment
L’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) a publié une étude en 2022 visant à déterminer le revenu permettant de vivre convenablement à la retraite. Le calcul ne se limite pas aux besoins vitaux : il intègre aussi la participation à la vie sociale et le maintien d’une certaine qualité de vie.
Selon l’IRES, 1 634 euros par mois suffiraient à une personne retraitée vivant seule, à condition qu’elle soit propriétaire de son logement. En cas de loyer à régler, le montant requis grimpe significativement.
Néanmoins, si l’IRES situe le revenu de référence à un peu plus de 1 600 euros, l’opinion publique exprime un autre chiffre : autour de 2 600 euros par mois. Ce montant correspond à une vision élargie de la retraite : voyager, financer des loisirs, soutenir ses enfants ou petits-enfants.
Je m’intéresse aux questions économiques, à la vie des entreprises et aux enjeux liés à la retraite. À travers mes articles, je décrypte l’actualité du monde du travail et du patrimoine, avec l’objectif d’apporter des informations claires, pratiques et utiles à celles et ceux qui souhaitent mieux comprendre les évolutions du système économique et leurs impacts sur leur quotidien.