Selon le dernier Panorama des pensions publié par l’OCDE, les femmes françaises touchent une pension inférieure de 27 % à celle des hommes, contre 23 % en moyenne dans les pays membres. Cet écart, bien que connu, reste tenace. Il s’explique à la fois par des trajectoires professionnelles plus discontinues et par la structure même du système de retraite français, fondé sur la durée de cotisation et les revenus perçus au cours de la vie active. Voyons tout cela plus en détail.
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La maternité, facteur de rupture dans les carrières féminines
Les carrières féminines demeurent plus souvent interrompues ou ralenties. Les congés maternité, les temps partiels et les métiers moins rémunérés limitent la progression salariale et réduisent les cotisations. Ces discontinuités pèsent durablement sur le montant des pensions.
La France fait partie des rares pays de l’OCDE à accorder des trimestres supplémentaires pour chaque enfant, qu’il y ait ou non interruption d’activité, afin de limiter les écarts des montants des pensions pour les mères de famille. Ces dispositifs, pensés pour corriger les inégalités, n’effacent toutefois qu’en partie les effets cumulés des écarts de salaires et des carrières incomplètes.
Les bonifications familiales bénéficient surtout aux générations les plus âgées, dont les carrières ont été davantage fragmentées. Pour les femmes aujourd’hui actives, ces compensations s’avèrent moins déterminantes face à des écarts de rémunération toujours marqués.
| Pays | Écart moyen femmes-hommes | Particularités du système |
|---|---|---|
| France | 27 % | Trimestres pour enfants, système basé sur la durée de cotisation |
| Allemagne | 29 % | Peu de compensations familiales |
| Islande | 10 % | Forte participation féminine au marché du travail |
| Royaume-Uni | 36 % | Retraites privées dominantes |
| Japon | 47 % | Inégalités salariales profondes |
Un modèle français qui accentue les écarts
Le système de retraite français repose sur la durée de cotisation et le niveau des salaires perçus, deux éléments où les femmes partent souvent désavantagées.
Les carrières interrompues entraînent des décotes, tandis que les hommes profitent plus fréquemment de surcotes liées à des carrières continues.
Dans le régime complémentaire Agirc-Arrco, les différences de revenus amplifient encore ces écarts : les salariés les mieux rémunérés — majoritairement des hommes — accumulent davantage de points et bénéficient de pensions plus élevées.
Une architecture contributive défavorable aux carrières hachées
Le système français favorise les parcours stables :
- Les carrières interrompues, souvent féminines, débouchent sur des pensions réduites
- Les carrières longues et ascendantes, plus masculines, génèrent un avantage durable
À l’étranger, certains systèmes plafonnent les droits à pension, réduisant ainsi les écarts. En Estonie ou en Slovénie, la différence entre les pensions des femmes et des hommes n’excède pas 10 %.
L’espérance de vie, un effet indirect
Les femmes vivent plus longtemps, mais cette longévité se traduit parfois par une rente mensuelle moindre dans les dispositifs complémentaires calculés selon la durée de vie moyenne. Les hommes, mieux rémunérés et plus souvent détenteurs de retraites privées, perçoivent ainsi des montants supérieurs sur une période plus courte, mais avec un avantage global.
Au final, l’écart de 27 % observé en France reflète l’accumulation d’inégalités professionnelles et salariales tout au long de la vie. Malgré les mesures correctrices, la parité économique à la retraite demeure encore hors d’atteinte.
Je m’intéresse aux questions économiques, à la vie des entreprises et aux enjeux liés à la retraite. À travers mes articles, je décrypte l’actualité du monde du travail et du patrimoine, avec l’objectif d’apporter des informations claires, pratiques et utiles à celles et ceux qui souhaitent mieux comprendre les évolutions du système économique et leurs impacts sur leur quotidien.