Le gouvernement a ouvert une nouvelle séquence autour de l’Assurance chômage. Depuis le 1er août, syndicats et organisations patronales sont invités à négocier une convention dont l’application est prévue pour le 1er janvier 2026. Cette réforme, impulsée par l’exécutif et pilotée par François Bayrou, vise à remodeler les règles d’indemnisation. L’objectif est double : réduire la dépense publique et encourager un retour plus rapide vers l’emploi. Les discussions doivent aboutir d’ici au 15 novembre. Voici ce que l’on sait aujourd’hui.
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Une réforme guidée par des impératifs budgétaires et sociaux
La lettre de cadrage adressée par le Premier ministre fixe une orientation claire : réaliser 2 à 2,5 milliards d’euros d’économies annuelles entre 2026 et 2029, puis au moins 4 milliards d’euros à partir de 2030. Cette trajectoire financière s’appuie sur une volonté de rapprocher le système français de celui de pays voisins, où la durée des droits est plus restreinte.
Au-delà de la dimension budgétaire, l’exécutif souligne les difficultés persistantes de recrutement rencontrées par certains secteurs. Selon le gouvernement, le modèle actuel n’incite pas suffisamment les bénéficiaires à reprendre un emploi rapidement, ce qui alimente le projet de durcissement.
Une réduction progressive de la durée d’indemnisation
L’un des volets centraux de la réforme concerne la durée des droits. Le principe serait d’indexer la période d’indemnisation sur l’état du marché du travail. Autrement dit, lorsque le chômage baisse, les droits s’amenuisent.
Un allocataire qui perçoit aujourd’hui 18 mois d’allocation pourrait, à l’avenir, n’en percevoir que 12 ou 15 mois, selon la conjoncture. Cette orientation s’inscrit dans une tendance déjà observée, marquée par une perte annuelle de 5 jours d’indemnisation en moyenne pour les bénéficiaires au fil des ajustements successifs.
Le dispositif introduirait ainsi une modulation dépendante des taux de chômage observés par l’Insee.
Des conditions d’accès durcies
L’autre évolution envisagée touche à la condition d’affiliation. Actuellement, pour ouvrir un droit à l’Allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE), il faut avoir travaillé au moins 6 mois au cours des 24 derniers mois (ou 36 mois pour les personnes de 53 ans et plus).
La réforme pourrait relever cette exigence à 8, 10 ou 12 mois, ce qui reporterait l’ouverture des droits pour de nombreux demandeurs d’emploi. Cette orientation répond à une logique de responsabilisation mais suscite de vives réticences dans le camp syndical, qui redoute une montée de la précarité.
Voici un tableau comparatif des règles actuelles et des hypothèses étudiées :
| Critères | Situation actuelle | Pistes de réforme 2026 |
|---|---|---|
| Condition d’affiliation | 6 mois travaillés sur 24 mois (ou 36 mois dès 53 ans) | 8 à 12 mois travaillés sur 24 ou 36 mois |
| Durée maximale d’indemnisation | Jusqu’à 18 mois (selon l’âge et la carrière) | Réduction à 12 ou 15 mois selon le chômage |
| Objectif budgétaire | — | 2 à 2,5 Mds € d’économies/an (2026-2029) puis 4 Mds € dès 2030 |
Des inquiétudes syndicales persistantes
Les principales centrales syndicales, dont la CFDT et la CGT, redoutent une dégradation des conditions d’indemnisation.
Selon elles, ces ajustements risquent de frapper davantage les personnes éloignées durablement du marché du travail, comme les seniors ou les chômeurs de longue durée.
Le patronat, pour sa part, se montre plus ouvert à la révision des règles, estimant qu’elle favorise une reprise d’activité plus rapide et répond aux difficultés de recrutement dans certains bassins d’emploi.
Les discussions entre partenaires sociaux doivent aboutir avant le 15 novembre. Si aucun accord n’est trouvé, l’État pourrait reprendre la main et imposer ses arbitrages.
Ce scénario placerait les syndicats face à un choix stratégique : négocier pour limiter les reculs ou refuser de cautionner un texte jugé trop contraignant.
Je m’intéresse aux questions économiques, à la vie des entreprises et aux enjeux liés à la retraite. À travers mes articles, je décrypte l’actualité du monde du travail et du patrimoine, avec l’objectif d’apporter des informations claires, pratiques et utiles à celles et ceux qui souhaitent mieux comprendre les évolutions du système économique et leurs impacts sur leur quotidien.