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Retraite à 63 ans : le coût (surprenant) de la suspension de la réforme et les conséquences financières d’un départ bloqué

La déclaration d’Élisabeth Borne a relancé un débat que l’on croyait clos. En évoquant une possible suspension de la réforme des retraites, l’ancienne cheffe du gouvernement, désormais ministre démissionnaire de l’Éducation nationale, a ouvert la porte à une remise en cause partielle d’un texte qu’elle avait pourtant porté avec ténacité. Cette réforme, dont le relèvement de l’âge légal de départ à 64 ans constitue l’axe principal, s’applique déjà progressivement depuis septembre 2023. Une marche arrière, même partielle, aurait un coût substantiel pour les finances publiques. Penchons-nous de plus près sur les conséquences économiques de cette potentielle suspension.

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Une concession politique à plusieurs milliards d’euros

La borne des 63 ans s’imposerait logiquement comme un point de compromis si la réforme devait être suspendue. Ce scénario, discuté dans le cadre des négociations autour du budget 2026, représenterait une réponse aux exigences de la gauche parlementaire et des syndicats. Mais cette inflexion aurait des conséquences mesurables à court, moyen et long terme.

Selon les évaluations issues des travaux de la Cour des comptes publiés en février dernier, une suspension de la réforme à 63 ans entraînerait :

AnnéeCoût estimé pour le système de retraiteImpact global sur les finances publiques
2026500 millions d’eurosNon précisé
20273 milliards d’eurosNon précisé
20355,8 milliards d’euros13 milliards d’euros

Ces montants intègrent uniquement les effets liés à l’âge légal de départ. L’évaluation globale englobe également la perte de recettes fiscales et sociales induites par un moindre taux d’activité des seniors.

Bruno Chrétien, président de l’Institut de la protection sociale (IPS), juge ces projections alarmantes. Il rappelle que la réforme en vigueur doit contribuer à l’équilibre du système et permettre la mise en œuvre de dispositifs correctifs en faveur de certaines catégories, notamment les femmes, via un calcul plus favorable des pensions.

Le poids économique de l’âge légal à 64 ans

Le relèvement de l’âge de départ constitue la pierre angulaire des économies projetées. Selon les estimations consolidées par l’IPS, cette mesure à elle seule représente :

  • 10,3 milliards d’euros d’économies brutes dès 2025
  • 6,2 milliards d’euros nets après déduction des mesures d’accompagnement
  • Une montée en puissance jusqu’à 17 milliards d’euros bruts en 2030, soit 11,8 milliards nets

Ces chiffres incluent les ajustements parallèles prévus par la réforme, tels que le relèvement du minimum contributif, le renforcement du dispositif carrières longues et les dispositions destinées à mieux prendre en compte la pénibilité

Supprimer ou geler l’augmentation de l’âge légal reviendrait donc à renoncer à ces marges de manœuvre budgétaires.

Une décision qui ne se limiterait pas à un simple ajustement comptable, mais exigerait de compenser ces pertes ailleurs dans les finances de l’État. À défaut, un gel des retraites pourrait de nouveau s’imposer comme variable d’ajustement.

Le spectre d’un retour à 62 ans

Au-delà d’un éventuel arrêt à 63 ans, certaines organisations syndicales – au premier rang desquelles la CGT, par la voix de Sophie Binet – réclament l’abandon pur et simple du relèvement de l’âge légal. Cela reviendrait à rétablir le départ à 62 ans pour tous, ce qui alourdirait considérablement la facture.

Un tel recul signifierait la suppression quasi totale des économies structurelles générées par la réforme. Selon les économistes, l’âge légal concentre l’essentiel de l’effort budgétaire de la loi adoptée en 2023. Ce levier financier est considéré comme central pour faire face au vieillissement de la population et à la hausse progressive du ratio inactifs/actifs.

Source : capital.fr

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