Gel des aides sociales, barème fiscal figé, pensions de retraite inchangées : le gouvernement envisage de suspendre les revalorisations automatiques pour contenir la dépense publique en 2026. Objectif affiché : 40 milliards d’euros d’économies. Derrière cette pause budgétaire, une mesure en apparence neutre risque d’avoir un effet disproportionné sur certaines catégories de la population. Les mécanismes redistributifs indexés sur l’inflation seraient gelés, tandis que les prix continueraient leur progression. Résultat : une perte de pouvoir d’achat concentrée sur les plus vulnérables. Nous faisons le point sur les personnes les plus touchées par un gel des revalorisations.
Ce que vous allez découvrir :
Le gel des revalorisations accentuerait les écarts de niveau de vie
Le 2 juillet, Amélie de Montchalin, ministre déléguée chargée des Comptes publics, a évoqué sur Sud Radio l’idée d’une suspension des revalorisations automatiques en 2026.
Selon une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP), une telle mesure aurait un effet régressif sur la distribution des revenus : les ménages les plus pauvres perdraient proportionnellement plus que les plus aisés.
L’IPP a modélisé l’impact d’un gel des retraites, des aides sociales et du barème de l’impôt sur le revenu.
Le constat est clair : le quart des Français les moins aisés perdrait plus de 0,5 % de niveau de vie, essentiellement à cause du gel des prestations indexées comme le RSA, les APL ou les allocations chômage.
Deux scénarios ont été envisagés :
- Un gel généralisé des prestations, retraites et barème fiscal : impact modéré mais étendu à toute la population
- Un gel ciblé sur les seules prestations sociales : impact plus violent pour les foyers modestes et creusement des inégalités
L’inflation, quant à elle, continuerait d’éroder le pouvoir d’achat. Le gel agirait donc comme une ponction indirecte, frappant surtout ceux qui dépendent des aides pour maintenir un niveau de vie minimal.
Les retraités et les demandeurs d’emploi subiraient de plein fouet cette pause budgétaire
Dans un billet publié par l’OFCE, l’économiste Pierre Madec estime que les retraités feraient partie des plus grands perdants en cas de gel en 2026. La perte moyenne atteindrait 350 euros par an, ventilée comme suit :
- 320 euros en raison du gel des pensions de retraite
- 20 euros dus à l’absence d’indexation du barème fiscal
- 10 euros liés à une baisse des aides sociales
Cette diminution représenterait plus de 1 % de niveau de vie pour une large partie des retraités, qui ne disposent pas toujours de revenus complémentaires ou d’une capacité d’ajustement budgétaire.
Toujours selon Pierre Madec, une personne sans emploi perdrait en moyenne 180 euros sur l’année, dont 70 euros en raison du gel des allocations chômage, 60 euros dus à la stagnation des aides sociales perçues par le foyer, et 50 euros d’effet cumulé sur le reste des prestations.
Ce tableau synthétise les pertes moyennes selon les catégories :
Catégorie | Perte annuelle moyenne (en euros) | Principale source de perte |
---|---|---|
Retraités | 350 | Pensions figées, barème fiscal stable |
Demandeurs d’emploi | 180 | Gel des allocations et aides sociales |
Salariés | 60 | Effet fiscal marginal |
Travailleurs indépendants | 50 | Tranches d’imposition inchangées |
Ménages du premier quartile | > 0,5 % du niveau de vie | Prestations sociales non indexées |
Une mesure budgétaire qui fragiliserait les filets de sécurité sociale
Les mécanismes de revalorisation automatique jouent un rôle d’amortisseur social. En les suspendant, l’État transfèrerait la pression inflationniste sur les plus précaires.
Cette dynamique crée un déséquilibre : les foyers les mieux dotés en patrimoine ou revenus peuvent lisser la perte, là où les ménages dépendants des aides voient leur reste à vivre se contracter.
Le gel du barème fiscal, lui, réduirait les effets redistributifs habituels de l’impôt sur le revenu, un pilier historique du modèle fiscal français.
Sans actualisation des tranches, certains contribuables verraient leur charge fiscale augmenter mécaniquement, même sans progression réelle de leurs revenus.
Dans un contexte de tensions budgétaires, le choix d’un gel généralisé interroge : le poids de l’ajustement repose-t-il sur ceux qui peuvent le moins absorber le choc ?