Le marché du travail se durcit pour les actifs de plus de 50 ans. Le ralentissement conjoncturel et la baisse marquée des offres en CDI (–60 % au premier trimestre 2025 selon le baromètre Synergie) accentuent les difficultés d’accès à l’emploi. Une fois passé le cap des 60 ans, la probabilité de se maintenir en activité s’effondre : seuls 38 % des 61-64 ans occupent encore un poste en France. Dans l’esprit de nombreux recruteurs, les profils expérimentés inspirent davantage la méfiance que l’intérêt. Pourtant, certaines entreprises bousculent ces schémas en reconnaissant aux quinquagénaires des qualités qui manquent à d’autres : régularité, sens de la transmission, résistance au stress. Voici les métiers qui recrutent les seniors de plus de 50 ans.
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Quand les compétences priment sur l’âge
Longtemps relégués au second plan, les seniors sont de nouveau considérés par certains employeurs comme des collaborateurs à forte valeur ajoutée.
La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, insiste sur ce changement d’approche :
On embauche des seniors parce qu’ils sont utiles, performants, et qu’ils savent transmettre
Une logique d’efficacité, qui tranche avec les politiques de diversité souvent cantonnées à des impératifs symboliques.
Le recul de l’âge de départ à la retraite accélère cette mutation. Pour maintenir l’attractivité des carrières longues, plusieurs dispositifs ont été lancés ou renforcés :
- la retraite progressive, qui permet de réduire son activité tout en percevant une fraction de sa pension
- le contrat de valorisation d’expérience, un CDI adapté aux plus de 60 ans
- le cumul emploi-retraite, désormais plus simple à mettre en œuvre
Ces mesures visent à éviter une sortie brutale du marché du travail, tout en répondant aux besoins des entreprises en profils aguerris.
On constate que certains métiers de cadres s’arrachent et les profils sont très souvent des professionnels expérimentés et donc seniors.
Des métiers qui misent sur l’expérience
Certaines branches identifient clairement les avantages des parcours longs. Le secteur des services à la personne, en pénurie chronique de main-d’œuvre, recrute activement des candidats capables d’organiser le quotidien, d’écouter, de gérer des situations complexes.
D’autres domaines se montrent également ouverts :
- la grande distribution, où l’expérience client est un levier de fidélisation
- la logistique, pour des postes de supervision ou de coordination
- le bâtiment, notamment pour des fonctions de conduite de travaux ou de transmission des savoirs
- la sécurité, secteur très structuré qui apprécie les profils issus de la fonction publique ou de l’armée
Dans ces environnements, la fiabilité, la rigueur et la polyvalence sont des atouts distinctifs, souvent associés à l’expérience.
Comparaison européenne de l’emploi des 61-64 ans
Le maintien en emploi des plus de 60 ans reste plus difficile en France que chez ses voisins. Le tableau suivant présente un aperçu des taux d’emploi des 61-64 ans en Europe (source : Eurostat, données 2024) :
| Pays | Taux d’emploi 61-64 ans |
|---|---|
| Suède | 66 % |
| Allemagne | 57 % |
| Pays-Bas | 54 % |
| Italie | 41 % |
| France | 38 % |
| Grèce | 36 % |
| Pologne | 32 % |
La France se distingue par une sortie précoce du marché du travail, alimentée par des freins culturels et un manque de dispositifs incitatifs réellement attractifs.
Un accompagnement ciblé pour favoriser le retour à l’emploi
Face à ces obstacles persistants, des initiatives concrètes émergent. Parmi elles, le programme Atout senior, lancé par France Travail en lien avec l’Ifocop, combine formation et immersion en entreprise.
La formule : quatre mois d’enseignement théorique suivis de quatre mois en poste. Ce dispositif cible les publics en reconversion rapide, souvent contraints d’ajuster leurs prétentions.
Selon Bertrand Lamour, directeur de l’Ifocop, les résultats sont sans équivoque : 83 % des participants retrouvent un emploi à l’issue du parcours, un taux largement supérieur à la moyenne nationale.