Sous l’effet combiné du vieillissement de la population et d’une transition économique accélérée, plusieurs secteurs d’activité s’apprêtent à connaître un déséquilibre majeur entre l’offre et la demande de travail. La raréfaction de la main-d’œuvre qualifiée, alimentée par le départ massif des baby-boomers, alimente déjà les inquiétudes des pouvoirs publics et des recruteurs. Pour celles et ceux en recherche d’un emploi ou d’une reconversion, ces mutations représentent autant d’opportunités à saisir. Mais encore faut-il repérer les professions réellement menacées par la pénurie. Car certaines peinent à séduire, tandis que d’autres manquent simplement de candidats formés. Tour d’horizon des métiers qui manquent de main d’œuvre et qui recrutent.
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Vieillissement des actifs : une recomposition silencieuse
La structure démographique du marché du travail se modifie en profondeur. Près d’un tiers des travailleurs sont aujourd’hui âgés de 50 à 64 ans, et leur départ en retraite se profile d’ici cinq ans.
Ce renouvellement générationnel se heurte à une base active plus étroite et moins nombreuse. Les spécialistes alertent sur une pyramide des âges déséquilibrée : le poids des seniors sortants dépasse largement celui des jeunes entrants.
Pour tenter de contenir ce mouvement, le ministère du Travail a dévoilé, le 29 avril, un plan d’action pour favoriser l’emploi des seniors.
D’ailleurs, certains métiers de cadres s’arrachent et s’orientent plus vers des profils seniors comme comptable, chargé d’affaires ou encore chef de projet informatique.
L’objectif est double : maintenir en poste plus longtemps les salariés expérimentés et éviter les ruptures dans les chaînes de compétences.
Mais ces mesures resteront insuffisantes si les métiers les plus exposés continuent de rebuter les nouvelles générations.
Filières menacées et recrutement
Les besoins de recrutement ne se répartissent pas de manière homogène. Certains secteurs vont devoir remplacer un nombre considérable de départs à la retraite, tandis que d’autres continueront à se développer en créant de nouveaux emplois :
Secteur d’activité | Postes à pourvoir | Départs en retraite estimés | Créations nettes d’emploi |
---|---|---|---|
Agents d’entretien | 490 000 | 462 000 | 28 000 |
Enseignement | 329 000 | 328 000 | 1 000 |
Métiers de l’informatique | 190 000 | 75 000 | 115 000 |
Ingénieurs et cadres techniques de l’industrie | 115 000 | 52 000 | 63 000 |
Santé et soins (infirmiers, aides-soignants) | 370 000 | 320 000 | 50 000 |
La situation varie selon les filières : les professions peu qualifiées ou pénibles physiquement, comme les agents d’entretien ou les aides-soignants, voient la majorité des postes à pourvoir liée aux départs en retraite.
À l’inverse, le numérique et l’ingénierie continuent d’alimenter la création d’emplois, portés par la transition technologique.
Métiers en tension et désintérêt croissant
Plusieurs filières souffrent d’un déséquilibre structurel entre leurs besoins et leur attractivité. Les métiers physiques, mal rémunérés ou peu reconnus, peinent à se renouveler.
Le bâtiment, la propreté, ou les services à la personne en sont les exemples les plus marquants. Le taux de vacance y reste élevé, malgré des besoins constants.
Dans l’éducation, la situation est tout aussi préoccupante : près de 328 000 enseignants vont partir d’ici 2030, pour seulement 1 000 créations nettes de postes or, le vivier de candidats s’amenuise.
Les concours ne font plus le plein, et les tensions risquent d’affecter durablement la qualité du service public.
À l’inverse, les professions liées à la transformation numérique bénéficient d’un profil très différent. France Stratégie relève une combinaison rare : forte dynamique de l’emploi et faibles départs en fin de carrière.
Anticipation publique et ajustements nécessaires
Face à un besoin estimé à 800 000 postes par an, les autorités cherchent à ajuster les dispositifs de formation et à préparer les mutations sectorielles.
Plusieurs leviers sont en cours de déploiement pour limiter les déséquilibres à venir :
- Reconfigurer les parcours de formation, notamment pour les métiers liés au numérique, à la transition écologique et à la santé
- Favoriser la reconversion interprofessionnelle, en renforçant l’accompagnement des salariés en transition
- Rendre les métiers délaissés plus attractifs, par une amélioration concrète des conditions de travail et une revalorisation des rémunérations