Une hypothèse budgétaire actuellement débattue au sein de l’exécutif fait planer une menace sourde sur les pensions versées aux retraités. Alors que l’État prépare un tour de vis inédit sur les dépenses publiques, la perspective d’une revalorisation des retraites gelée en 2026 inquiète jusque dans les cercles les plus modérés. Cette éventualité, si elle se confirmait, affecterait directement le niveau de vie de millions de foyers âgés, déjà fragilisés par l’érosion monétaire.
Ce que vous allez découvrir :
L’idée d’un gel des pensions prend de l’épaisseur
En 2024, le gouvernement mené par Michel Barnier avait envisagé de découper la revalorisation annuelle des pensions en deux tranches, l’une au 1er janvier, l’autre au 1er juillet.
Une méthode inédite, contraire au mécanisme légal d’indexation automatique sur l’inflation, qui avait rapidement suscité une levée de boucliers.
Le projet avait été abandonné dans la foulée de la chute du gouvernement mais la réflexion se poursuit.
D’après les informations obtenues, une option encore plus radicale est désormais sur la table : celle d’une année blanche.
En clair, aucune revalorisation des pensions ne serait appliquée au 1er janvier 2026, quelle que soit l’évolution des prix à la consommation. Cette hypothèse, bien que non actée, serait examinée comme levier de réduction budgétaire.
Un tel gel, dans un contexte où l’inflation reste légèrement positive (autour de 1,5 % à ce jour), se traduirait par une perte mécanique de pouvoir d’achat pour l’ensemble des retraités, y compris ceux dont la pension est inférieure au seuil de pauvreté.
En revanche, une majoration des pensions pour les femmes est envisagée et notamment celles qui ont eu des enfants.
Une déclaration ambiguë au sommet de Bercy
Lorsqu’elle est interrogée sur les coupes envisagées dans le projet de loi de finances, Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, répète que « tout est sur la table ».
Une phrase sibylline qui laisse la porte ouverte à de nombreux scénarios, y compris ceux traditionnellement considérés comme politiquement risqués.
Elle précise néanmoins que « la question ne se pose pas de la même manière avec une inflation à 5 % ou à 1,5 % », laissant entendre que la modération actuelle des prix pourrait justifier, selon l’exécutif, une suspension de l’indexation.
Une lecture strictement budgétaire qui ignore les disparités de revenus chez les retraités, et les effets cumulés d’une stagnation des pensions sur les dépenses contraintes : loyers, énergie, alimentation.
Le gouvernement devra arbitrer entre rigueur comptable et équilibre social, dans un contexte où les retraités représentent une force électorale structurante.
Une réforme fiscale en suspens : la fin de l’abattement de 10 % ?
En parallèle, une autre piste suscite des crispations : la suppression de l’abattement fiscal spécifique de 10 % sur les pensions de retraite.
Institué en 1978, ce dispositif vise à alléger le revenu imposable des retraités afin de tenir compte de leur situation économique spécifique. Il bénéficie aujourd’hui à l’immense majorité des foyers concernés.
Bien qu’aucune décision ne soit encore arrêtée, cette mesure pourrait rapporter environ 5 milliards d’euros par an au Trésor public.
Un gain substantiel, obtenu sans modifier les barèmes ni les taux. Mais avec des répercussions tangibles pour les contribuables âgés, en particulier ceux qui disposent de pensions intermédiaires ou supérieures à la moyenne nationale.
Selon les projections relayées par Bercy :
- environ 500 000 retraités actuellement non imposables basculeraient dans la fiscalité dès la première année
- plusieurs centaines de milliers d’autres verraient leur impôt sur le revenu augmenter sensiblement
La suppression de cet abattement aurait également un impact indirect mais non négligeable sur le revenu fiscal de référence :
- perte d’exonérations sur la taxe foncière
- exclusion de dispositifs d’aide personnalisée au logement ou à la complémentaire santé
- contribution élevée à certaines taxes locales indexées sur ce revenu