Des milliers de retraités laissent filer chaque année une somme qui leur revient de droit, simplement parce qu’ils ignorent son existence. Près de 437 000 anciens agents contractuels de la fonction publique n’ont jamais demandé leur pension complémentaire Ircantec, perdant ainsi en moyenne 230 euros brut par an. Un montant qui peut sembler modeste, mais qui, dans certains cas, dépasse les 800 euros par an. Ce phénomène de non-recours, largement sous-estimé, concerne principalement ceux qui ont travaillé temporairement pour des collectivités locales ou des établissements publics avant de poursuivre leur carrière ailleurs. Beaucoup n’ont même pas conscience d’avoir cotisé à ce régime et passent donc à côté d’un revenu supplémentaire. Nous faisons un point complet sur les raisons de cette erreur liée aux retraites Ircantec.
Ce que vous allez découvrir :
Des centaines de milliers de pensions non réclamées
L’Ircantec est un régime complémentaire obligatoire destiné aux agents non titulaires de la fonction publique.
Il concerne les personnes ayant exercé sous contrat dans des mairies, hôpitaux ou autres structures publiques, sans bénéficier du statut de fonctionnaire.
Contrairement aux titulaires, affiliés à la CNRACL (Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales), ces travailleurs cumulent des droits à une pension complémentaire souvent méconnue.
D’après les chiffres de la Caisse des dépôts, 27,5 % des affiliés des générations 1949 à 1954 n’ont jamais demandé cette pension.
Sur les 1,59 million d’ayants droit, plus de 437 000 retraités laissent ainsi ces revenus inutilisés. Une situation d’autant plus surprenante que même une période de travail relativement courte dans le secteur public suffit à ouvrir des droits.
Autre point préoccupant : 30 % des retraités pourraient voir leur pension baisser en raison de la suppression de l’abattement fiscal de 10 % et de l’application de nouveaux taux de CSG pour certains d’entre eux.
Les raisons d’un non-recours massif
Pourquoi autant de retraités ne réclament-ils pas leur dû ? Plusieurs explications se dégagent :
- Une méconnaissance des droits : bon nombre d’anciens contractuels n’ont pas conscience qu’ils ont cotisé à l’Ircantec et qu’ils peuvent prétendre à une pension
- Des carrières morcelées : ces retraités ont souvent alterné entre emploi public et privé, rendant difficile le suivi de leurs différents droits à la retraite
- Un déficit d’information : les relevés de carrière ne sont pas toujours clairs, et les organismes de retraite n’informent pas systématiquement les bénéficiaires potentiels
- Des démarches administratives perçues comme complexes : certains retraités hésitent à entamer les procédures nécessaires, estimant que le jeu n’en vaut pas la chandelle
Ce non-recours entraîne des pertes financières directes pour les retraités concernés, qui se privent d’un complément bienvenu, notamment en période d’inflation.
Pour le système de retraite, ces pensions non distribuées constituent des sommes qui restent inutilisées.
Des campagnes pour inciter les retraités à réclamer leur dû
Conscientes du problème, les autorités ont lancé plusieurs actions pour tenter de réduire ces pertes. Entre mars 2022 et janvier 2024, l’Union Retraite a adressé 70 000 courriers aux personnes identifiées comme ayant des droits non liquidés.
Résultat : 18 000 demandes de pension ont été enregistrées. Si ces efforts ont permis de sensibiliser une partie des bénéficiaires, une large proportion demeure encore non informée.
Voici un aperçu détaillé des données concernant ce phénomène :
Génération concernée | Nombre total d’affiliés | Taux de non-recours | Montant moyen non perçu (brut/an) |
---|---|---|---|
1949 – 1954 | 1 590 000 | 27,5 % | 230 € |
Retraités partis en 2023 | Non précisé | Non précisé | 810 € |
Nombre total de bénéficiaires non informés | 437 000 | 100 % | Variable |
Nombre de courriers envoyés (2022-2024) | 70 000 | Non applicable | Non applicable |
Nombre de demandes générées | 18 000 | Non applicable | Non applicable |
Avec la généralisation des services en ligne, la sensibilisation des retraités aux démarches numériques pourrait être une piste à explorer.
Mais encore faut-il que l’information soit relayée efficacement et atteigne toutes les personnes concernées.