L’hypothèse d’une suspension de la réforme des retraites, évoquée par Élisabeth Borne, continue d’agiter le champ politique et syndical. Alors que les socialistes réclament un arrêt intégral du texte adopté en 2023, la CFDT s’en tient à une ligne plus mesurée. Le syndicat dirigé par Marylise Léon plaide pour un gel de l’âge légal, mais n’envisage pas de revenir sur l’augmentation du nombre de trimestres de cotisation. Cette divergence illustre les fractures persistantes entre forces politiques et organisations de salariés autour d’une réforme toujours contestée dans l’opinion. Voyons tout cela plus en détail.
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Ce que vous allez découvrir :
Une suspension réclamée mais circonscrite par la CFDT
Intervenant sur BFM Business, Marylise Léon a réaffirmé que la réforme des retraites demeure une « blessure démocratique profonde ». Elle demande que l’âge légal soit figé à 62 ans et 9 mois, une mesure qui concernerait, selon elle, « plusieurs centaines de milliers de personnes ».
En revanche, la confédération ne remet pas en question l’accélération du calendrier d’allongement de la durée de cotisation votée en 2023.
Cette position contraste avec celle du Parti socialiste, qui milite pour une suspension totale du dispositif, y compris sur l’augmentation progressive des trimestres requis.
Pour la CFDT, l’urgence consiste avant tout à stopper l’élévation de l’âge légal, tout en continuant à pousser pour un geste en faveur des mères de famille, y compris dans la fonction publique.
La volte-face d’Élisabeth Borne et ses répercussions politiques
L’ancienne Première ministre, désormais démissionnaire de l’Éducation nationale, a surpris en admettant que la réforme ne devait pas devenir un « totem ». Elle a envisagé un report du débat à l’horizon de la prochaine présidentielle de 2027, laissant entrevoir une suspension à moyen terme.
Cette perspective soulève déjà des interrogations, notamment sur le coût de la suspension de la réforme et ses répercussions sur les finances publiques.
Cette ouverture a suscité des réactions contrastées :
- Pour Marylise Léon, il s’agit d’un « signal positif » qui pourrait amorcer une forme de réparation
- Pour Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, il s’agit d’un « aveu d’échec ». Elle réaffirme que seule l’abrogation complète du texte répondrait aux attentes des salariés
Retour sur un affrontement social d’ampleur
Adoptée en 2023 grâce au recours au 49.3, la réforme avait provoqué quatorze journées de mobilisation, marquées par une contestation massive dans les rues. Le gouvernement Borne avait maintenu le cap malgré cette pression, imposant un passage progressif de 62 à 64 ans pour l’âge de départ.
Le « conclave des retraites » conduit en début d’année par François Bayrou avait, lui aussi, échoué à réconcilier syndicats et patronat, la CGT et Force ouvrière ayant claqué la porte dès lors que la question de l’âge légal restait hors du champ de discussion.
Des syndicats partagés entre prudence et méfiance
Si certains responsables saluent un geste d’apaisement, d’autres insistent sur le caractère circonstanciel de ce revirement. Pascale Cotton, vice-présidente de la CFTC, souligne que cette suspension serait davantage une manœuvre politique qu’un véritable geste envers les salariés.
Dans cette atmosphère, les syndicats restent en attente d’un signe clair de l’exécutif. Pour eux, cette mise entre parenthèses pourrait rouvrir des marges de négociation, mais la perspective d’une réécriture en profondeur demeure incertaine.
Source : lefigaro.fr
Je m’intéresse aux questions économiques, à la vie des entreprises et aux enjeux liés à la retraite. À travers mes articles, je décrypte l’actualité du monde du travail et du patrimoine, avec l’objectif d’apporter des informations claires, pratiques et utiles à celles et ceux qui souhaitent mieux comprendre les évolutions du système économique et leurs impacts sur leur quotidien.