Alors que près de 850 000 Français ont officiellement quitté la vie active en 2024, environ 30 000 d’entre eux n’ont toujours pas perçu leur pension de base. Un chiffre confirmé par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), qui révèle une situation préoccupante et persistante. Ces assurés, en droit de percevoir une retraite complète, doivent composer avec des mois sans ressources, pour certains depuis le début de l’année. La cause : une réforme logicielle interne mal maîtrisée. En attendant, nombre de retraités se retrouvent dans une détresse financière profonde, sans échéance fiable sur le traitement de leur dossier. Nous vous expliquons pourquoi des milliers de retraités n’ont toujours pas reçu leur retraite.
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Des jeunes retraités plongés dans l’attente
Parmi les nouveaux retraités de 2024, environ 3,5 % n’ont toujours pas reçu le versement de leur pension principale.
Ce pourcentage cache une réalité concrète : 25 000 à 30 000 personnes restent sans nouvelles de leur dossier, plusieurs mois après leur départ.
Dans l’Ouest de la France, une retraitée partie en janvier vit cette situation. Depuis plusieurs mois, elle ne perçoit que 1 000 euros mensuels issus de sa caisse complémentaire, alors que sa pension globale devrait atteindre 1 800 euros.
Quotidiennement, elle consulte son espace personnel sur le site de l’Assurance retraite, appelle les services concernés, envoie des courriers. À chaque fois, la même réponse évasive :
Peut-être dans deux semaines. On ne sait pas. Rappelez à ce moment-là.
L’incertitude devient une épreuve : impossible de régler son loyer, ses factures ou les frais liés à sa voiture. Une retraite sans pension devient une charge au lieu d’un soulagement.
Si vous n’avez pas reçu votre pension en ce début de mois pas d’inquiétude : un décalage Agirc-Arrco à cause du 1er mai est à prévoir mais les retraites seront visibles à partir du 2 mai.
Des délais alourdis par un changement de système
L’origine de ces dysfonctionnements est désormais connue : la Cnav a basculé vers un nouveau logiciel de gestion des carrières. Ce nouvel outil, censé améliorer les calculs de droits, a eu l’effet inverse :
- les agents ont rencontré des difficultés d’adaptation
- les délais de traitement se sont allongés de manière significative
Une représentante syndicale indique que la surcharge n’avait pas été anticipée. Le directeur de l’organisme parle d’un objectif : réduire le nombre de dossiers en souffrance à 19 000 d’ici à 2027.
Il assure que chaque cas sera résolu, « un par un », avec une volonté affichée de redresser la barre. Reste à savoir si cette promesse sera tenue.
Voici le nombre de nouveaux retraités et dossiers bloqués :
Année | Départs en retraite | Dossiers non traités | Proportion estimée |
---|---|---|---|
2023 | 825 000 | 25 000 à 30 000 | 3,03 % à 3,63 % |
2024 | 850 000 (estimé) | 25 000 à 30 000 | 2,94 % à 3,53 % |
Des situations personnelles parfois intenables
Pour certains assurés, cette attente devient un engrenage. Une retraitée, partie en octobre 2024, a dû patienter sept mois avant de percevoir une pension.
Elle n’a pu s’en sortir qu’avec l’aide de ses deux filles :
- l’une d’elles a contracté un prêt pour couvrir les charges essentielles
- toutes deux ont assuré les besoins du quotidien pendant l’attente
Depuis peu, son dossier a été débloqué mais de nombreux retraités sont encore dans l’angle mort de l’administration.