Près de 1,3 million de personnes en France perçoivent l’Allocation aux adultes handicapés (AAH), un soutien financier destiné aux personnes en situation de handicap. À l’âge de la retraite, la question de la compatibilité entre cette aide et la pension se pose, notamment pour les seniors aux revenus modestes. Les règles qui encadrent cette situation sont précises et dépendent de plusieurs paramètres administratifs et financiers. Peut-on cumuler l’AAH avec sa pension de retraite ?
Ce que vous allez découvrir :
Les critères d’éligibilité à l’AAH
L’AAH est accessible aux personnes présentant un taux d’incapacité reconnu d’au moins 50 %. Cette évaluation est réalisée par la Cdaph, sur la base d’un dossier médical et administratif.
Pour prétendre à cette aide, plusieurs conditions doivent être réunies :
- Être âgé d’au moins 20 ans
- Résider en France au moins neuf mois par an
- Disposer de ressources inférieures au plafond en vigueur (1 033,32 € mensuels, montant maximum de l’AAH)
Le versement s’effectue en complément des revenus existants, jusqu’à atteindre le montant maximal autorisé par la réglementation.
Cumul possible après le départ à la retraite
Le cumul entre l’AAH et une pension de retraite n’est envisageable que dans des situations spécifiques. La principale distinction se fait selon le taux d’incapacité reconnu.
En cas d’incapacité supérieure ou égale à 80 %, les personnes concernées peuvent continuer à percevoir l’AAH même après avoir liquidé leurs droits à la retraite.
L’aide est alors calculée comme suit : la CAF verse la différence entre le montant de la pension et le plafond de l’AAH. Depuis le 1er décembre 2024, les bénéficiaires qui conservent une activité professionnelle voient cette prestation maintenue jusqu’à 67 ans.
Pour un taux d’incapacité compris entre 50 % et 79 %, le versement de l’AAH cesse à l’âge légal de départ à la retraite, soit 64 ans pour les générations nées après le 1er janvier 1968. L’Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) prend alors le relais, sous réserve d’éligibilité.
Voici un tableau récapitulatif des situations :
Âge | Taux d’incapacité | Droit à l’AAH | Dispositif de substitution |
---|---|---|---|
Avant 62 ans | ≥ 50 % | Oui (si plafond de ressources respecté) | Aucun |
62 à 63 ans | ≥ 80 % | Oui (complément jusqu’au plafond AAH) | Aucun |
62 à 63 ans | 50 à 79 % | Non | Aspa (si conditions remplies) |
64 ans et plus | ≥ 80 % | Oui (complément jusqu’au plafond AAH) | Aucun |
64 ans et plus | 50 à 79 % | Non | Aspa |
Cas particuliers et retraite anticipée
Une circulaire publiée par la Caisse nationale d’Assurance vieillesse (Cnav) le 1er août 2025 précise une exception notable.
Les bénéficiaires d’une retraite anticipée pour assurés handicapés peuvent solliciter l’Aspa dès 62 ans, indépendamment de l’âge légal classique. Cette disposition concerne aussi bien les salariés que les travailleurs indépendants.
Près de 600 000 bénéficiaires sont concernés par les nouveaux seuils de l’Aspa, une évolution qui élargit potentiellement l’accès à ce revenu minimal garanti.
Dans les faits, cette mesure favorise l’accès à un revenu minimal garanti pour les personnes dont la carrière a été écourtée ou rendue difficile par une incapacité importante, tout en harmonisant les droits avec ceux des bénéficiaires de l’AAH en incapacité élevée.
Je m’intéresse aux questions économiques, à la vie des entreprises et aux enjeux liés à la retraite. À travers mes articles, je décrypte l’actualité du monde du travail et du patrimoine, avec l’objectif d’apporter des informations claires, pratiques et utiles à celles et ceux qui souhaitent mieux comprendre les évolutions du système économique et leurs impacts sur leur quotidien.