La commission des Finances de l’Assemblée nationale a rejeté la proposition du gouvernement visant à remplacer l’abattement fiscal de 10 % appliqué aux pensions de retraite par un forfait fixe de 2 000 euros. Présentée comme un moyen de réaliser des économies, la mesure a provoqué une opposition quasi unanime des groupes parlementaires, de La France insoumise au Rassemblement national. Ce revers met en lumière les tensions autour du projet de loi de finances pour 2026 et le rôle central accordé aux retraités dans l’effort budgétaire. Décryptage.
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Une mesure fiscale contestée de toutes parts
Le gouvernement souhaitait transformer le mécanisme actuel de déduction en instaurant un forfait unique. Selon ses calculs, ce dispositif aurait permis d’alléger l’impôt des retraités modestes tout en augmentant celui des pensions plus élevées. L’objectif était de rationaliser une dépense fiscale évaluée à 5,3 milliards d’euros par an.
Mais la commission des Finances a largement rejeté la proposition. Les députés de gauche comme de droite y ont vu une mesure injuste et socialement risquée, dénonçant un projet qui aurait creusé les écarts entre les retraités selon leur niveau de revenus.
| Situation | Abattement actuel (10%) | Forfait proposé (2 000 €) | Effet sur l’impôt |
|---|---|---|---|
| Retraité percevant 15 000 €/an | 1 500 € déduits | 2 000 € déduits | Baisse modérée |
| Retraité percevant 25 000 €/an | 2 500 € déduits | 2 000 € déduits | Hausse d’impôt |
| Couple de retraités (50 000 €/an) | 5 000 € déduits | 4 000 € déduits | Hausse notable |
| Retraité isolé à petite pension | 1 000 € déduits | 2 000 € déduits | Réduction notable |
Le dispositif aurait donc avantagé les retraités les plus modestes, mais pénalisé la majorité des foyers disposant de pensions intermédiaires ou élevées.
Des élus vent debout contre un « acharnement fiscal »
Pour le député Les Républicains Corentin Le Fur, cette réforme s’inscrit dans « un acharnement contre les retraités », déjà confrontés aux conséquences d’un gel des pensions en 2026 prévues dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
La députée LFI Claire Lejeune a dénoncé un budget « indigne », accusant le gouvernement de « taper sur les retraites » au lieu de cibler les plus hauts revenus. Le socialiste Philippe Brun a invoqué l’égalité devant l’impôt pour justifier son opposition, rappelant que les salariés bénéficient eux aussi d’un abattement similaire.
Le rapporteur général Philippe Juvin (LR) a reconnu les limites du dispositif actuel, notamment parce qu’il favorise davantage les couples que les retraités isolés, tout en soulignant son coût considérable pour l’État. Les députés écologistes, quant à eux, ont préféré s’abstenir, proposant de revoir le dispositif pour mieux protéger les petites retraites.
Le gouvernement défend un effort budgétaire « nécessaire »
Seul le député macroniste Guillaume Kasbarian a soutenu la suppression de l’abattement, estimant que les retraités bénéficient déjà de nombreux avantages fiscaux. Il a accusé la classe politique de céder à la facilité en refusant d’aborder un sujet sensible « par pur électoralisme ».
Les débats s’inscrivent dans un climat budgétaire tendu. Le gouvernement vise un déficit ramené à 4,7 % du PIB en 2026, grâce à 30 milliards d’euros d’économies et de nouveaux prélèvements. Mais ce calendrier se heurte à la résistance d’une Assemblée où l’exécutif ne dispose plus d’une majorité et renonce, cette année, à l’usage de l’article 49.3.
Les discussions, menées dans des délais constitutionnels serrés, reprendront dans l’hémicycle vendredi. Pour l’exécutif, le rejet de cette mesure fiscale illustre la difficulté à trouver un équilibre entre discipline budgétaire et acceptabilité sociale, dans un contexte où les retraités se sentent déjà fragilisés par les réformes successives.
Je m’intéresse aux questions économiques, à la vie des entreprises et aux enjeux liés à la retraite. À travers mes articles, je décrypte l’actualité du monde du travail et du patrimoine, avec l’objectif d’apporter des informations claires, pratiques et utiles à celles et ceux qui souhaitent mieux comprendre les évolutions du système économique et leurs impacts sur leur quotidien.