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La nouvelle arme secrète de la Sécu : un outil inédit qui effraie les fraudeurs

La Sécurité sociale franchit une nouvelle étape dans sa lutte contre les fraudes. Face à des pratiques numériques de plus en plus élaborées, l’Assurance maladie expérimente depuis août un dispositif inédit. Présenté à la CPAM de Paris en présence de la ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin, ce logiciel doit permettre de cibler rapidement les documents falsifiés et d’orienter les enquêtes vers les cas les plus suspects. Les autorités veulent montrer que la riposte technologique se met désormais au service d’un modèle social menacé par des détournements financiers massifs. Voyons ensemble le nouvel outil de la Sécu pour lutter contre la fraude sociale.

Une technologie de détection déjà opérationnelle

Le logiciel repose sur l’analyse automatisée grâce à l’IA, de documents sensibles tels que des ordonnances médicales ou des arrêts maladie. Chaque pièce suspecte se voit attribuer un indice de risque chiffré de 0 à 100, calculé selon le montant potentiel du préjudice pour l’Assurance maladie.

Cette classification permet aux agents d’identifier en priorité les cas les plus graves et de déclencher, si nécessaire, des investigations approfondies.

Le dispositif a vocation à repérer des anomalies diverses : faux arrêts de travail, ordonnances falsifiées ou encore situations ambiguës comme voyager pendant un arrêt maladie sans autorisation préalable de la caisse.

Dans les situations où les indices laissent présager des fraudes structurées, la police judiciaire peut être saisie. L’objectif est de remonter les filières organisées, notamment dans les secteurs de l’audioprothèse et de l’optique, deux domaines fortement exposés.

Des résultats tangibles dès les premières semaines

Depuis son lancement, l’outil a déjà mis au jour 125 dossiers frauduleux, certains atteignant plusieurs centaines de milliers d’euros.

Pour Raynal Le May, directeur général de la CPAM de Paris, ce programme constitue « un levier inédit qui renforce considérablement la capacité de riposte face aux fraudeurs ».

Les moyens humains se sont également développés : le nombre d’agents mobilisés contre la fraude en Île-de-France est passé de 147 en 2021 à 237 en 2025.

Un pôle d’enquête judiciaire dédié aux fraudes numériques

À ces moyens s’ajoute la création d’un Pôle interrégional d’enquêteurs judiciaires (PIEJ), actif depuis quelques mois à Paris. Ce service, composé de 11 spécialistes aux profils variés, concentre son action sur les arnaques numériques et les fraudes complexes à haute valeur financière.

Le PIEJ dispose de prérogatives judiciaires, lui permettant :

  • De conduire des opérations d’infiltration en ligne pour identifier des trafics de faux documents
  • De collaborer directement avec les forces de police, la gendarmerie et la justice afin de poursuivre les fraudeurs

Un préjudice qui se chiffre en dizaines de millions d’euros

Les données communiquées par l’Assurance maladie révèlent une progression constante des détections de fraude. Rien qu’à Paris, le montant identifié en 2024 s’élève à 38 millions d’euros, dont une large part liée à des professionnels de santé.

Voici la répartition détaillée des préjudices relevés en 2024 :

Catégorie concernéeMontant estiméPrincipales pratiques frauduleuses
Pharmaciens12 M€Facturation de médicaments non délivrés ou en quantité supérieure
Prothésistes (optique, audio)10 M€Déclarations fictives de dispositifs médicaux
Assurés16 M€Faux arrêts maladie, fausses déclarations de ressources

Ces chiffres confirment que la fraude ne se limite pas aux assurés mais concerne l’ensemble de la chaîne, des prestataires de santé aux bénéficiaires.

Une volonté politique réaffirmée

Lors de sa visite à Paris, Catherine Vautrin a rappelé que « frauder, c’est trahir un modèle social fondé sur la solidarité intergénérationnelle ». La ministre a insisté sur la nécessité d’une mobilisation collective pour protéger ce système, alors que les escrocs n’hésitent pas à exploiter les failles numériques et administratives.

Grâce à ce nouvel outil, l’Assurance maladie entend non seulement détecter plus vite mais aussi dissuader ceux qui seraient tentés d’abuser du dispositif. Pour la Sécurité sociale, la technologie devient désormais une arme au service de la préservation du financement solidaire.

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