Des centaines de milliers de retraités passent chaque année à côté d’une somme qui pourrait alléger leur quotidien. Une aide complémentaire, bien réelle, n’est tout simplement jamais réclamée. L’oubli n’est pas anecdotique : il touche près d’un demi-million de personnes, souvent sans qu’elles en aient conscience. Pourtant, cette pension peut atteindre jusqu’à 810 euros par an, versés au titre d’un régime auquel elles ont cotisé au fil de leur carrière. Ce manque à gagner, dans un contexte de pouvoir d’achat tendu, soulève des questions sur la manière dont les droits sont communiqués. Et sur la capacité du système à prévenir ces absences de versement, qui ne relèvent ni de la fraude ni de l’oubli volontaire. Nous faisons un point sur ces 810€ que les retraités oublis.
Table des matières
Une pension complémentaire souvent ignorée par les anciens contractuels
Le régime en question est celui de l’Ircantec (Institution de retraite complémentaire des agents non titulaires de l’État et des collectivités publiques).
Il s’adresse aux personnes ayant travaillé dans la fonction publique sans avoir le statut de titulaire, comme les contractuels, vacataires ou auxiliaires.
Le chiffre est saisissant : 27,5 % des personnes nées entre 1949 et 1954, ayant cotisé à ce régime, n’en ont pas perçu la pension à la date de l’étude.
À titre de comparaison, la proportion de non-recours est jugée bien plus élevée que dans d’autres régimes de retraite.
Pour les générations les plus anciennes, qui ont cotisé ponctuellement avant de rejoindre d’autres dispositifs comme l’Agirc-Arrco ou la CNRACL, le montant perçu est souvent modeste : autour de 230 euros brut par an, soit à peine 20 euros mensuels.
En revanche, pour les retraités les plus récents, la pension peut atteindre jusqu’à 810 euros brut par an, soit près de 70 euros mensuels en moyenne.
Voici un aperçu synthétique des données disponibles selon les générations :
Génération | Part des affiliés n’ayant pas liquidé leurs droits | Montant moyen annuel de la pension Ircantec |
---|---|---|
1940 | 46,8 % | Non précisé |
1945-1948 | Environ 35 % | Variable selon durée de cotisation |
1949-1954 | 27,5 % | Jusqu’à 230 € brut/an |
2023 (nouveaux retraités) | Non applicable | Jusqu’à 810 € brut/an |
Le régime Ircantec compte aujourd’hui :
- 1,59 million de cotisants
- 1,15 million de pensions en cours de versement
Mais le nombre de pensions non réclamées reste préoccupant, notamment parmi les générations les plus anciennes, dont les droits sont parfois morcelés entre plusieurs régimes.
Un déficit d’information plus qu’un renoncement
La cause principale de cet oubli ne réside pas tant dans une négligence que dans une méconnaissance pure et simple des droits acquis.
Beaucoup de retraités ignorent qu’ils ont cotisé, parfois sur de courtes périodes, au régime Ircantec, et qu’ils doivent impérativement effectuer une demande pour en bénéficier. Sans cette démarche, les droits restent en suspens, même si les cotisations ont bel et bien été versées.
Dans d’autres cas, les bénéficiaires potentiels estiment que la pension est trop faible pour justifier des démarches jugées contraignantes.
Pourtant, une somme de 70 euros mensuels peut représenter une aide précieuse pour nombre de foyers retraités, notamment ceux aux revenus modestes ou proches du seuil de pauvreté avec la retraite.
Une campagne de sensibilisation par voie postale
Pour tenter de résorber ce non-recours, l’Union retraite (groupement en charge de la coordination des régimes) a lancé une opération ciblée.
Une première vague de 70.000 courriers a été envoyée aux retraités nés entre 1945 et 1948, identifiés comme susceptibles d’avoir des droits non liquidés.
L’initiative a rencontré un certain succès : près d’un quart des destinataires ont entamé des démarches dès réception du courrier.
Cette action devrait être étendue à d’autres classes d’âge, notamment les retraités des années 1950 et 1960, afin de réduire progressivement le nombre de pensions non versées.