En France, les écarts de pensions à la retraite demeurent considérables. Tandis que certains retraités doivent composer avec moins de 1 500 euros par mois, d’autres profitent de revenus bien plus élevés. C’est le cas de Didier, 77 ans, ancien huissier de justice à Paris, dont la pension mensuelle atteint 4 205 euros. Une somme qui témoigne autant de la solidité de son parcours professionnel que du statut particulier de sa profession, souvent mal jugée mais toujours indispensable au bon fonctionnement de la justice. Zoom sur le récit de ce retraité à la pension dorée.
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Ce que vous allez découvrir :
Un métier souvent jugé sévèrement, mais financièrement avantageux
Le métier d’huissier de justice – désormais commissaire de justice depuis la fusion des professions en 2022 – reste méconnu du grand public. Sa mission consiste à exécuter les décisions de justice, signifier les actes et constater des faits.
Cette proximité avec les situations de conflit en fait une profession parfois redoutée, voire impopulaire, mais elle figure parmi celles qui garantissent une retraite solide.
D’après l’Observatoire des inégalités, les anciens huissiers, avocats et notaires font partie des retraités les mieux rémunérés en France. Leur régime de retraite, distinct du régime général, repose sur des caisses spécifiques aux professions libérales. C’est dans ce cadre que Didier a bâti sa carrière et sa retraite.
| Catégorie de retraités | Pension moyenne mensuelle brute | Régime de retraite principal |
|---|---|---|
| Moyenne nationale (tous régimes) | 1 666 € | CNAV |
| Professions libérales | 2 600 € à 4 500 € | CNAVPL |
| Fonctionnaires civils de l’État | 2 800 € | Service des retraites de l’État |
| Huissiers / Commissaires de justice | Environ 4 000 € | CNAVPL + Caisse des officiers ministériels |
Ces chiffres, issus de la DREES, illustrent les disparités entre les régimes : les écarts de pension s’envolent jusqu’à 1 500 € par mois selon la profession et le régime d’affiliation.
Une double affiliation à la base d’une pension confortable
Après trente années d’activité, Didier a pris sa retraite à 65 ans, un âge plus tardif que celui prévu par la législation à l’époque. Passionné par son métier, il a préféré prolonger son exercice avant de céder sa charge à ses associés. Grâce à cette longévité professionnelle, il bénéficie aujourd’hui d’une retraite à taux plein, alimentée par deux régimes distincts :
- la CNAVPL (Caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales), pour la retraite de base
- la Caisse d’assurance vieillesse des officiers ministériels, des officiers publics et des compagnies judiciaires, pour la retraite complémentaire
Ce double mécanisme lui assure aujourd’hui un revenu mensuel de 4 205 euros. À la fin de sa carrière, Didier percevait un salaire brut de 5 900 euros, un niveau qui lui a permis de cotiser pleinement et d’investir dans l’immobilier.
« Cette stabilité financière m’a permis d’acheter ma maison à Paris, ainsi qu’une demeure en Sologne où je vis aujourd’hui avec mon épouse », confie-t-il. Son parcours illustre la capacité des professions libérales à transformer un fort engagement professionnel en patrimoine durable.
Une carrière exigeante, mais peu convoitée
Malgré ses avantages financiers, le métier de commissaire de justice peine à séduire. La Chambre nationale des commissaires de justice recense à peine 100 à 120 nouveaux diplômés par an, alors que la profession en attendrait jusqu’à 180 pour remplacer les départs à la retraite.
La rigueur des études, la complexité juridique du métier et une image parfois négative freinent les vocations. Pourtant, cette profession, qui requiert de solides compétences en droit et une résistance morale face aux situations conflictuelles, reste l’une des plus lucratives du secteur judiciaire.
Elle garantit à ceux qui s’y consacrent durablement une retraite parmi les plus élevées du pays.
Je m’intéresse aux questions économiques, à la vie des entreprises et aux enjeux liés à la retraite. À travers mes articles, je décrypte l’actualité du monde du travail et du patrimoine, avec l’objectif d’apporter des informations claires, pratiques et utiles à celles et ceux qui souhaitent mieux comprendre les évolutions du système économique et leurs impacts sur leur quotidien.