Depuis mars 2025, une nouvelle disposition Agirc-Arrco permet aux salariés en forfait jours réduit de cotiser à la retraite complémentaire sur la base d’un temps complet, même s’ils travaillent moins de 218 jours par an. Ce changement, longtemps attendu, supprime une limite de revenu qui excluait jusqu’ici une part importante des cadres. Désormais, la cotisation peut être reconstituée comme si l’activité était exercée à temps plein, modifiant en profondeur le nombre de points retraite acquis. Cette évolution réglementaire découle de l’avenant n°23 signé fin 2024 et ouvre une voie de sécurisation des droits pour de nombreux actifs en temps partiel formel. Point complet sur ce changement Agirc-Arrco qui va transformer les retraites.
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Extension du droit à cotiser comme à temps plein pour les salariés à forfait réduit
Jusqu’à peu, les salariés exerçant sous un forfait jours réduit n’avaient accès à une reconstitution de leurs cotisations que si leur rémunération ne dépassait pas 1,7 Smic.
Cette restriction, supprimée depuis le 19 mars 2025, écartait nombre de cadres autonomes, malgré une activité soutenue.
L’Agirc-Arrco reconnaît désormais le principe d’une cotisation simulée à temps complet indépendamment du salaire perçu, à condition que le salarié soit bien en contrat à forfait jours inférieur à 218 jours.
Cette réforme corrige une distorsion de traitement entre ceux qui réduisent leur charge annuelle et ceux en temps plein classique, en alignant le calcul des droits sur une logique d’engagement professionnel et non de présence comptable.
En juillet, une hausse des pensions pour certains retraités va avoir lieu et notamment pour les parcours professionnels discontinus.
Une nouvelle formule pour optimiser l’acquisition de points
Le texte prévoit que l’assiette de cotisation reconstituée repose sur la formule suivante :
Rémunération réelle × (218 ÷ nombre de jours prévus au forfait)
Ce mode de calcul permet de simuler une rémunération temps plein, même si le salarié travaille moins de 218 jours par an.
Le salarié acquiert ainsi des points comme s’il n’avait pas réduit son activité, ce qui peut rehausser significativement sa pension Agirc-Arrco.
La règle comprend un plafonnement à 8 fois le PASS (Plafond annuel de la Sécurité sociale) pour garantir la soutenabilité du régime. En 2025, cela correspond à un seuil de 376 800 €.
Voici une simulation comparative :
Jours travaillés (forfait) | Salaire annuel brut | Coefficient appliqué | Assiette reconstituée | Gain de points (estimation) |
---|---|---|---|---|
200 | 60 000 € | 1,09 | 65 400 € | +800 |
180 | 50 000 € | 1,21 | 60 500 € | +1 100 |
150 | 45 000 € | 1,45 | 65 250 € | +1 300 |
Application élargie aux forfaits en heures annuelles
Les salariés soumis à un forfait annuel en heures peuvent aussi bénéficier de cette reconstitution, sous réserve de répondre aux conditions de l’article L.241-3-1 du code de la Sécurité sociale.
Ce cas vise notamment des profils non cadres disposant d’une organisation autonome du temps, avec une rémunération lissée sur l’année.
Pour qu’ils accèdent au dispositif, un accord écrit avec l’employeur est impératif. Il doit fixer les conditions d’application, notamment la base de calcul des cotisations. Si cette formalisation n’existe pas, la reconstitution à temps plein n’est pas applicable.
L’accès à la cotisation sur base temps complet repose sur la conclusion d’un document écrit signé par les deux parties.
Celui-ci peut être :
- intégré directement au contrat de travail lors de l’embauche
- formalisé ultérieurement par avenant
Ce document doit obligatoirement indiquer :
- le nombre de jours (ou d’heures) travaillés au forfait
- la volonté explicite de cotiser sur une base reconstituée équivalente à 218 jours
Préserver ses droits tout en réduisant son temps de travail
Pour les salariés souhaitant alléger leur charge sans impacter leur pension, ce dispositif offre une voie médiane.
Il permet de conserver des droits élevés à la retraite complémentaire, même en réduisant son temps de présence effectif.
En simulant un temps plein pour les cotisations, la trajectoire de carrière reste lisible et la pension future, stabilisée.
Les cadres en fin de carrière ou en transition professionnelle sont les premiers concernés, notamment ceux qui souhaitent se dégager du temps sans renoncer à une retraite correcte.