Avec l’automne reviennent les projets et les calculs de fin d’année. Nombre de retraités envisagent de reprendre une activité, attirés par le cumul emploi-retraite sans plafond. Présenté comme un moyen d’augmenter ses revenus, ce dispositif séduit autant qu’il interroge. Car derrière la promesse d’un gain total, les effets réels sur le portefeuille restent contrastés. Voyons tout cela de plus près.
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Cumul emploi-retraite en 2025 : ce que prévoit la nouvelle règle
Depuis la réforme, le cumul intégral repose sur un principe simple : percevoir sa pension tout en travaillant, sans limite de revenus. Pour y avoir droit, il faut avoir liquidé toutes ses pensions – base, complémentaire et, s’il y a lieu, étrangères. Cette liquidation totale est la clé du dispositif.
Ceux qui ne remplissent pas cette condition restent soumis au cumul plafonné : la somme des revenus d’activité et des pensions ne peut dépasser 160 % du Smic brut annuel ou le dernier salaire moyen, selon le montant le plus élevé. Au-delà, la pension est suspendue jusqu’au retour sous le seuil.
Le taux plein est atteint à 67 ans ou lorsque la durée de cotisation est complète. Les carrières longues ne garantissent pas l’accès au cumul intégral. La Cnav et Agirc-Arrco exigent la preuve de liquidation de tous les régimes. En cas d’oubli, certains retraités voient leur pension suspendue, parfois rétroactivement.
Un atout pour vos revenus ? Les gains réels et les leviers à considérer
Le cumul intégral offre la possibilité d’un revenu global sans plafonnement. Une perspective séduisante, mais qui doit être nuancée par la fiscalité. L’ajout du salaire à la pension augmente souvent le revenu imposable et peut faire franchir une tranche supérieure.
Bonne nouvelle toutefois : l’abattement fiscal de 10 % est finalement maintenu sur les pensions, un allègement bienvenu qui limite partiellement la hausse d’impôt. Le salaire, lui, s’ajoute en totalité au revenu du foyer.
Les prélèvements sociaux réduisent encore le gain net : la pension supporte CSG, CRDS et cotisation maladie, tandis que le salaire reste soumis aux charges classiques. S’y ajoutent les coûts indirects liés à la reprise d’activité (transport, repas, matériel). Le gain final dépend donc étroitement du profil fiscal et social de chacun.
| Profil | Conditions de cumul | Effet fiscal et social | Gain net estimé |
|---|---|---|---|
| Taux plein, liquidation complète | Cumul intégral | Hausse possible du TMI | +25 à +40 % |
| Liquidation incomplète | Cumul plafonné | Pension partiellement suspendue | +5 à +15 % |
| Activité indépendante | Cumul intégral, charges variables | Pas de droits complémentaires | Variable |
| Reprise chez ancien employeur < 6 mois | Pension suspendue | Cumul interdit durant la période | 0 % |
Les chausse-trapes du dispositif : ce que vous pouvez y perdre
L’augmentation du revenu total entraîne souvent une hausse de la fiscalité globale. Certains retraités perdent ainsi des exonérations locales (taxe foncière, taxe d’habitation résiduelle) ou voient leur taux de CSG relevé. Le revenu fiscal de référence peut aussi rendre inaccessibles certaines aides sociales.
Autre écueil : la règle des six mois dans le privé. Une reprise d’emploi chez l’ancien employeur avant ce délai entraîne la suspension de la pension de base, voire complémentaire. Ce délai ne s’applique pas à un nouvel employeur. Quelques secteurs, comme la santé ou l’éducation, bénéficient de dérogations, mais elles doivent être vérifiées auprès de chaque caisse.
Organiser sa reprise : optimiser le cumul et éviter les désillusions
Toute reprise doit être signalée à la Carsat dans le mois, faute de quoi la pension peut être suspendue. Le choix du statut — salarié, indépendant, micro-entrepreneur — influence directement cotisations et fiscalité. Les indépendants conservent une souplesse de gestion, mais au prix d’une variabilité des revenus.
Depuis 2023, le cumul intégral ouvre de nouveaux droits à la retraite de base, plafonnés à 2 355 € brut par an en 2025, versés après cessation définitive d’activité. Le cumul plafonné, lui, n’en crée aucun.
Avant toute reprise, il convient d’évaluer :
- La compatibilité de l’activité avec son état de santé et son rythme de vie
- Le coût réel des frais annexes (déplacements, repas, équipement)
- L’impact fiscal et social global du revenu additionnel
Un cumul bien anticipé peut renforcer le pouvoir d’achat. Mal préparé, il risque d’aggraver la charge fiscale et d’effacer une partie du gain annoncé. Le “sans plafond” n’est pas une promesse de richesse, mais une liberté à manier avec discernement.
Je m’intéresse aux questions économiques, à la vie des entreprises et aux enjeux liés à la retraite. À travers mes articles, je décrypte l’actualité du monde du travail et du patrimoine, avec l’objectif d’apporter des informations claires, pratiques et utiles à celles et ceux qui souhaitent mieux comprendre les évolutions du système économique et leurs impacts sur leur quotidien.