RetraiteVoici pourquoi l’Agirc-Arrco freine avec un coefficient d'anticipation la retraite progressive

Voici pourquoi l’Agirc-Arrco freine avec un coefficient d’anticipation la retraite progressive

Alors que la retraite progressive permet de réduire son activité tout en percevant une partie de sa pension, le régime AGIRC-ARRCO applique systématiquement une minoration dès lors que le taux plein n’est pas atteint dans le régime de base. Ce mécanisme, fondé sur un coefficient d’anticipation, reste peu visible pour les assurés mais entraîne une réduction significative du montant versé. Une pratique contestée, d’autant que le régime général ne l’applique pas, et qui soulève des interrogations sur sa légitimité et son équité. Nous faisons un point complet pour vous expliquer l’impact du coefficient d’anticipation Agirc-Arrco.

Le mode classique de calcul de la retraite complémentaire

Le régime AGIRC-ARRCO repose sur un système de retraite par points. Chaque année, la pension est calculée selon la formule suivante :

Nombre de points acquis × valeur annuelle du point

Pour 2025, la valeur du point est fixée à 1,4386 €. Un assuré ayant cumulé 9 000 points au cours de sa carrière percevra une pension annuelle brute de : 9000 x 1,4386 € = 12 947,40 €

Un mécanisme compréhensible, tant que l’assuré liquide l’intégralité de ses droits à l’âge du taux plein.

Sachez qu’un changement intervient sur l’espace personnel Agirc-Arrco dans les jours à venir afin de renforcer la sécurité de votre compte, ne soyez pas étonné. 

La minoration appliquée en cas de retraite progressive

Lorsqu’un salarié opte pour la retraite progressive, il perçoit une fraction de sa pension en proportion de son temps de travail.

Mais dans le cas du régime AGIRC-ARRCO, une règle supplémentaire vient amputer la pension : le coefficient d’anticipation. Ce dernier est appliqué lorsque l’assuré ne justifie pas d’un taux plein dans le régime de base.

La formule devient alors :

Nombre de points × valeur du point × part de retraite activée × coefficient d’anticipation

Un salarié de 61 ans, travaillant à 40 %, perçoit donc 60 % de sa retraite. Il dispose de 9 000 points, mais n’a validé que 162 trimestres, soit un déficit par rapport aux 172 requis pour le taux plein.

Il se voit donc appliquer une décote de 17,3 % :

Élément de calcul Valeur
Nombre de points 9 000
Part de retraite activée 60 %
Valeur du point (2025) 1,4386 €
Coefficient d’anticipation appliqué 82,7 %
Montant annuel perçu 6 424,50 €
Pension mensuelle brute 525,37 €
Pénalité annuelle subie 1 394 €

Une interprétation réglementaire sujette à caution

Le fondement juridique de la retraite progressive est posé par l’article L161-22-1-5 du Code de la sécurité sociale.

Il y est uniquement fait mention d’un calcul proportionnel à la réduction d’activité, sans qu’aucune minoration ne soit explicitement prévue.

Voici les cinq points qui alimentent la controverse : 

  • Le texte de loi n’évoque aucune minoration de la pension dans le cadre de la retraite progressive
  • Le régime général n’applique aucun coefficient d’anticipation, malgré des règles communes censées s’appliquer aux deux régimes
  • L’AGIRC-ARRCO justifie la minoration par l’absence de taux plein, ce qui contrevient à la logique même de la retraite progressive, qui repose sur une liquidation partielle
  • Le taux de décote (parfois jusqu’à 20 %) semble disproportionné au regard des droits non encore acquis
  • L’application d’un coefficient sur une base déjà réduite revient à sanctionner deux fois le retraité progressif, ce qui pose une question d’équité

Une décote figée ou révisable avec le temps ?

Un autre flou persiste : le coefficient d’anticipation reste-t-il constant, ou évolue-t-il au fil des trimestres cotisés ?

Un salarié en retraite progressive continue d’accumuler des droits. Il serait donc logique que cette progression entraîne une révision de la minoration appliquée. 

Les statistiques fournies par le médiateur de l’AGIRC-ARRCO confirment l’ampleur du problème : 36 % des litiges enregistrés concernent directement l’application de coefficients de réduction.

Recours possibles pour les assurés concernés

Face à cette situation, deux étapes peuvent être engagées :

  • Déposer une réclamation auprès du service client AGIRC-ARRCO, via leur portail en ligne ou par courrier
  • Saisir le médiateur du régime complémentaire, par lettre recommandée avec accusé de réception, en exposant les éléments du dossier

 

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