Recevoir sa première pension devrait marquer l’aboutissement d’une carrière. Pourtant, pour de nombreux retraités de l’Agirc-Arrco, la découverte est amère : une retenue de 10 % vient réduire leur allocation complémentaire, soit environ 80 euros en moins chaque mois. Ce dispositif, instauré depuis 2019, concerne près de 40 % des nouveaux bénéficiaires. Pour certains, la perte totale peut dépasser 3 000 euros en trois ans. Comprendre l’origine de ce prélèvement et savoir comment y échapper devient donc indispensable. Voyons tout cela ensemble.
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Une retenue automatique appliquée depuis 2019
Le mécanisme en cause porte le nom de coefficient de solidarité. Il a été introduit lors de la fusion des régimes Agirc et Arrco.
Son principe est clair : lorsque l’assuré liquide sa retraite complémentaire immédiatement après avoir obtenu son taux plein à la CNAV, une minoration de 10 % est appliquée. Cette réduction s’impose sur chaque versement pendant 36 mois, sans compensation a posteriori.
Les personnes concernées sont celles nées à partir de 1957 et ayant demandé leur retraite complémentaire entre le 1er janvier 2019 et le 30 novembre 2026. Le caractère automatique du dispositif crée souvent la surprise, car il n’apparaît pas toujours dans les projections réalisées avec les simulateurs en ligne.
Exemple chiffré : un assuré prévoyant une pension complémentaire de 850 € mensuels perçoit finalement environ 765 €, soit une perte de 85 € chaque mois, cumulant plus de 3 000 € sur trois ans.
Qui échappe à ce dispositif ?
Si le coefficient de solidarité s’applique dans la majorité des cas, certaines situations permettent une exonération immédiate.
Sont dispensés de ce prélèvement :
- Les retraités exonérés de CSG
- Les bénéficiaires de l’Aspa (allocation de solidarité aux personnes âgées)
- Les personnes reconnues invalides
- Les retraités handicapés ou relevant d’une incapacité permanente
Ces profils voient leur pension complémentaire versée sans minoration dès le premier mois.
Retarder son départ : une stratégie efficace
La voie la plus directe pour contourner cette décote reste de repousser d’un an la demande de retraite complémentaire. Ce décalage annule purement et simplement le malus et permet de toucher une pension sans retenue pendant les trois années suivantes.
| Montant de pension prévu | Pension après abattement (-10 %) | Perte mensuelle | Perte totale sur 36 mois |
|---|---|---|---|
| 700 € | 630 € | 70 € | 2 520 € |
| 850 € | 765 € | 85 € | 3 060 € |
| 1 000 € | 900 € | 100 € | 3 600 € |
| 1 200 € | 1 080 € | 120 € | 4 320 € |
Ce tableau illustre combien la décision d’attendre ou non un an peut avoir un impact significatif sur les finances d’un foyer.
Ces pertes temporaires liées au coefficient de solidarité viennent s’ajouter à d’autres perspectives de diminution du pouvoir d’achat. En cas de gel des pensions en 2026, la perte pourrait atteindre 134 euros en moins pour les retraités, un cumul qui fragilise encore davantage le budget des foyers concernés.
Comment anticiper et obtenir des conseils fiables
Pour éviter de mauvaises surprises, il est recommandé d’anticiper sa liquidation de droits plusieurs mois avant la date envisagée.
Les conseillers Agirc-Arrco, les points d’accueil retraite ou les CICAS (Centres d’Information, Conseil et Accueil des Salariés) offrent un accompagnement personnalisé. Ils peuvent vérifier l’éligibilité à une exemption, aider à constituer les dossiers et comparer différents scénarios de départ.
Les simulateurs en ligne proposés par l’Agirc-Arrco permettent également de tester rapidement l’effet d’un report ou d’une demande immédiate. Un contact direct avec sa caisse reste néanmoins le moyen le plus sûr pour sécuriser son dossier et adapter sa décision à sa situation personnelle.
Je m’intéresse aux questions économiques, à la vie des entreprises et aux enjeux liés à la retraite. À travers mes articles, je décrypte l’actualité du monde du travail et du patrimoine, avec l’objectif d’apporter des informations claires, pratiques et utiles à celles et ceux qui souhaitent mieux comprendre les évolutions du système économique et leurs impacts sur leur quotidien.