La suppression de l’abattement de 10 % sur les pensions de retraite, remplacé par un forfait de 2 000 €, provoque un vif questionnement chez les retraités. L’enjeu n’est pas anodin : cette refonte fiscale modifie la manière dont les revenus de retraite seront imposés dès 2026. Pour un couple, la question est simple : chacun bénéficiera-t-il de ce montant, ou le foyer n’aura-t-il droit qu’à une seule réduction ? Le gouvernement affirme que ce nouveau forfait s’appliquera à chaque membre du foyer. Si cette logique est respectée, les couples seront relativement épargnés par la mesure. En revanche, les retraités vivant seuls verront leur avantage fiscal diminuer de manière significative. Nous vous expliquons plus précisément si l’abattement fiscal de 2000€ va doubler pour les couples à la retraite.
Ce que vous allez découvrir :
Les retraités ciblés par la réforme fiscale
En 2025 l’abattement fiscal de 10% avait été maintenu pour les retraités mais il n’en sera sans doute pas de même pour l’année à venir.
Les propositions formulées dans le cadre du budget 2026 placent les retraités au cœur d’un effort d’ajustement.
Parmi les mesures évoquées par François Bayrou, le gel des pensions s’accompagne d’une refonte de l’abattement fiscal spécifique aux revenus de retraite.
Aujourd’hui, les contribuables retraités bénéficient d’un abattement de 10 %, appliqué automatiquement lors de la déclaration de leurs pensions.
Cet avantage est plafonné à 4 399 € par foyer fiscal, quel que soit le nombre de retraités composant le foyer.
Le gouvernement propose désormais un abattement forfaitaire de 2 000 € par personne retraitée.
Cela signifie que chaque retraité, au sein d’un même foyer, disposerait de son propre abattement individuel. Ainsi, un couple de retraités imposables bénéficierait d’un abattement total de 4 000 €, soit deux fois 2 000 €.
Des effets limités pour les foyers composés de deux retraités
L’impact fiscal de cette réforme varie en fonction de la configuration du foyer. Pour un couple de retraités, la perte liée à la disparition de l’ancien abattement serait contenue.
Le plafond actuel de 4 399 € serait remplacé par un total de 4 000 €, ce qui représente une réduction de seulement 399 € sur l’abattement global.
En revanche, pour un retraité vivant seul, la différence est plus sensible : son abattement passe de 4 399 € à 2 000 €, soit une diminution de 2 399 €.
Cette modification introduit donc un déséquilibre :
- Les couples retraités sont relativement préservés, l’abattement reste proche de son niveau antérieur
- Les retraités isolés sont les plus pénalisés, notamment ceux disposant de revenus imposables moyens
Incidence budgétaire selon les profils fiscaux
La réforme n’entraînera pas la même charge supplémentaire pour tous les foyers. La hausse de l’impôt sur le revenu dépendra du montant des pensions déclarées :
Profil du foyer fiscal | Abattement actuel (10 %, plafonné) | Abattement forfaitaire proposé | Différence maximale |
---|---|---|---|
Retraité seul | Jusqu’à 4 399 € | 2 000 € | – 2 399 € |
Couple de retraités | Jusqu’à 4 399 € | 4 000 € | – 399 € |
Couple avec revenu > 180 294 €/an | 4 399 € | 4 000 € | + 180 € d’impôt annuel |
Seuls les foyers aux pensions particulièrement élevées verront une véritable augmentation de leur imposition.
La majorité des couples retraités aux revenus modérés ne subiront qu’un ajustement marginal, quand bien même l’abattement diminue.
Un dispositif qui fragilise les retraités seuls
Les retraités les plus exposés à cette réforme sont ceux qui n’ont pas de co-déclarant dans leur foyer fiscal, ce qui concerne une part croissante de la population vieillissante.
Les profils les plus touchés sont :
- Les retraités veufs, divorcés ou célibataires, avec des pensions comprises entre 20 000 et 40 000 € annuels
- Ceux qui dépassent de peu le seuil d’imposition, pour lesquels la réduction de l’abattement peut faire basculer une part significative de revenus dans la tranche imposable
Cette réforme, en supprimant le lien entre niveau de pension et abattement, rompt avec la logique proportionnelle antérieure et introduit une approche égalitaire mais arithmétiquement désavantageuse pour les retraités seuls aux revenus moyens.