Pendant plus d’une décennie, une enseignante allemande a réussi à percevoir un salaire complet sans jamais remettre les pieds dans son établissement. Officiellement en arrêt maladie depuis 2009, elle a continué à toucher chaque mois plusieurs milliers d’euros. Son cas, resté longtemps inaperçu, n’a été découvert qu’après une enquête menée par l’administration scolaire en 2023. L’affaire, qui suscite un vif intérêt en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, illustre les failles de contrôle dans la fonction publique. Voici l’histoire de cette enseignante.
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Une carrière stoppée brutalement en 2009
L’enseignante avait débuté sa carrière au début des années 2000 dans un lycée professionnel de Wesel. Ses premiers arrêts maladie ont été signalés en 2009, officiellement liés à des problèmes de santé. Ces congés médicaux, d’abord temporaires, se sont ensuite prolongés année après année.
À partir de 2015, même le proviseur en poste ignorait totalement son existence, preuve de son absence prolongée. Malgré cela, les virements mensuels continuaient d’arriver sur son compte.
Des revenus confortables pendant seize ans
L’enseignante bénéficiait du statut de fonctionnaire, ce qui lui garantissait le versement de son traitement intégral tant que son arrêt maladie était reconnu. Entre 2009 et 2024, elle a perçu un revenu compris entre 5 051 et 6 174 euros mensuels, soit l’équivalent d’un salaire d’enseignant confirmé.
Au total, la somme perçue atteindrait plusieurs centaines de milliers d’euros, une situation d’une rare longévité dans l’administration allemande.
Une enquête administrative tardive
Ce n’est qu’au printemps 2023 que l’inspection scolaire régionale s’est intéressée à son dossier. Les autorités lui ont alors demandé de se soumettre à un examen médical afin de vérifier la réalité de son incapacité.
Deux scénarios se dessinent :
- Si son inaptitude est confirmée par expertise, elle percevra une pension réduite
- Si son état ne justifie pas un arrêt prolongé, ses revenus seront suspendus
L’enseignante a contesté cette décision devant le tribunal administratif, puis devant la Cour administrative supérieure. Pour l’heure, la justice n’a pas encore tranché.
En France, un tel cas risquerait de rencontrer rapidement des obstacles, notamment avec la nouvelle arme secrète de la Sécu, déployée pour intensifier les contrôles d’arrêts maladie jugés suspects.
Un double visage : fonctionnaire absente et naturopathe discrète
Au-delà de son statut d’enseignante, des habitants de Duisbourg évoquent son activité de naturopathe, bien que rien ne prouve l’existence d’un cabinet déclaré. Aucun praticien de médecine douce connu dans la ville ne correspond à son nom.
Certains riverains affirment même l’avoir croisée en pleine forme, persuadés qu’elle exerçait encore son métier d’enseignante.
Cette contradiction entre son état supposé de santé et son image publique alimente les doutes autour de la légitimité de ses arrêts successifs.
Le spectre d’un remboursement
La question d’un éventuel remboursement des sommes perçues reste en suspens. Les juridictions administratives devront déterminer si les 16 années d’indemnisation relèvent d’un droit légal ou d’une fraude.
Dans ce dossier, deux éléments restent centraux : la durée exceptionnelle des arrêts maladie et l’absence quasi totale de contrôle administratif pendant plus d’une décennie. L’affaire met en lumière les limites des mécanismes de vérification dans la fonction publique allemande.
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