Le Premier ministre Sébastien Lecornu a confirmé la suspension de la réforme des retraites adoptée en 2023, un tournant pour des millions d’actifs et de retraités. Cette décision, liée au vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, interrompt provisoirement le relèvement de l’âge légal et la hausse du nombre de trimestres. Le dispositif restera gelé jusqu’à la prochaine élection présidentielle, dans l’attente d’un nouvel arbitrage politique. Voici 5 points clés pour comprendre l’impact de la suspension.
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Une suspension conditionnée au vote du PLFSS 2026
La mesure ne prendra effet qu’après adoption du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026. L’article 45 bis, déposé le 23 octobre, prévoit de geler le relèvement progressif de l’âge légal et l’augmentation du nombre de trimestres requis pour le taux plein. Le vote définitif interviendra en novembre.
En cas d’approbation, aucune hausse d’âge ne s’appliquerait avant janvier 2028, pour un coût estimé à 1,4 milliard d’euros sur 2026 et 2027. Le ministère du Travail prévoit de compenser cette dépense dans le budget de la Sécurité sociale.
Pour les employeurs, ce report retarde l’échéance d’un allongement des carrières, tout en maintenant les objectifs fixés pour l’emploi des seniors.
Une mise en pause jusqu’à la présidentielle de 2027
Sébastien Lecornu a précisé que la réforme resterait suspendue jusqu’à l’élection présidentielle de 2027. L’âge légal demeure fixé à 62 ans et 9 mois, avec 170 trimestres nécessaires pour le taux plein. Cette pause concerne les générations nées entre 1964 et 1968, soit environ 3,5 millions d’actifs.
| Génération | Âge légal actuel | Départ possible | Trimestres requis | Situation après 2027 | 
|---|---|---|---|---|
| 1964 | 62 ans et 9 mois | Octobre 2026 | 170 | Garantie du gel | 
| 1965 | 63 ans | À partir de 2027 | 171 | Décision post-2027 | 
| 1966 à 1968 | Progressif | 2028 à 2030 | 171-172 | En attente d’arbitrage | 
Le gouvernement insiste : la réforme n’est pas abrogée mais suspendue. Sans nouveau texte, le relèvement de l’âge légal à 64 ans pourrait reprendre en 2028.
Un gel partiel selon les catégories de salariés
La suspension vise principalement les salariés du régime général et les régimes alignés, comme les agriculteurs et travailleurs indépendants. Les régimes spéciaux et certaines catégories actives (pompiers, surveillants pénitentiaires, etc.) conservent leurs propres règles de départ.
Ces exclusions réduisent le coût global du dispositif d’environ 400 millions d’euros, selon le rapport d’évaluation du PLFSS 2026.
Les bénéficiaires directs sont :
- Les salariés nés à partir de 1964 relevant du régime général
 - Les affiliés aux régimes alignés sur la Sécurité sociale
 
Les générations de 1965 à 1968 restent soumises aux décisions du futur gouvernement. Toute évolution nécessitera une nouvelle loi, maintenant une incertitude pour ces actifs.
Les carrières longues conservent leurs conditions actuelles
Le dispositif carrières longues, défini par le décret du 10 juin 2023, reste inchangé. Les assurés ayant commencé à travailler avant 21 ans peuvent toujours partir plus tôt, conformément à l’article L351-1-1 du Code de la Sécurité sociale.
Ces assurés font partie des grands oubliés de la suspension de la réforme des retraites, leur dispositif demeurant inchangé malgré le gel des autres mesures.
En 2024, 118 000 départs sur 652 000 retraites liquidées relevaient de ce dispositif, selon la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav). Ces assurés conservent un avantage de deux à trois ans sur le droit commun.
Cette distinction crée des écarts entre salariés d’une même génération, selon leur parcours professionnel.
Le gel de la durée d’assurance pour le taux plein
La durée d’assurance requise devait passer progressivement de 170 à 172 trimestres d’ici 2030. Cette évolution est suspendue pour 2026 et 2027, le seuil demeurant fixé à 170 trimestres jusqu’en janvier 2028.
Les salariés nés en 1964 devront ainsi valider 170 trimestres, au lieu des 171 initialement prévus. Ce gel temporaire pourrait éviter à plusieurs milliers d’assurés une décote de 1,25 % par trimestre manquant.
Pour les entreprises, cette pause allège temporairement la gestion du maintien des seniors dans l’emploi, mais laisse planer une incertitude sur la reprise de la réforme après 2027.
Je m’intéresse aux questions économiques, à la vie des entreprises et aux enjeux liés à la retraite. À travers mes articles, je décrypte l’actualité du monde du travail et du patrimoine, avec l’objectif d’apporter des informations claires, pratiques et utiles à celles et ceux qui souhaitent mieux comprendre les évolutions du système économique et leurs impacts sur leur quotidien.